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Composition type d'une poubelle d'un Français. Image
© Rudy Salin / L'Internaute Magazine
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Toujours plus de déchets
N'en jetez plus ! En France, la quantité de déchets a doublé entre 1980
et 2002, passant de 180 à 360 kg par personne et par an. En cause, le développement
de la consommation, l'augmentation des familles à taille réduite (donc des emballages
individuels), et le packaging des produits. Par exemple, le café en dosettes utilise
10 fois plus d'emballage qu'un paquet de 250 g.
Malgré l'effort des collectivités, seuls 12 % des déchets sont aujourd'hui
recyclés. 51 % sont mis en décharge sans aucune valorisation, et 26 % sont
incinérés avec récupération d'énergie. "En Belgique, dans la région wallonne,
on est proche de 70 % des déchets recyclés" remarque Hélène Bourges, du Centre
National d'information indépendante sur les déchets. Et on ne parle même pas du
compostage, qui concerne actuellement à peine 9% des déchets.
Une poubelle de tri sélectif sur trois est renvoyée vers
un incinérateur
Bref, on l'a compris, la majorité de nos déchets prend la route de l'incinérateur.
A cela plusieurs raisons. D'abord, c'est à chaque commune de décider ou
non du tri sélectif et de la couleur des poubelles (jaune, rouge, bleu, sacs
transparents
). Pas facile pour les usagers de s'y retrouver. Du coup, une poubelle
de tri sélectif sur trois est renvoyée vers un incinérateur. D'autre part, le
système fiscal n'est guère incitatif : la taxe d'ordures ménagères est la même
quel que soit le volume des déchets du foyer (voir combien
ça coûte).
"Certaines poubelles triées atterrissent parmi
les déchets ordinaires pour "nourrir" l'incinérateur" |
Pour les associations écologistes, la faible part du recyclage en France tient
d'une volonté politique. Elles accusent les incinérateurs surdimensionnés,
qui réclament un minimum de déchets pour fonctionner. Du coup, certaines poubelles
triées atterrissent parmi les déchets ordinaires pour "nourrir" l'incinérateur.
Un reproche injustifié, se défendent les industriels. "De toutes façons, on
doit utiliser du pétrole en complément pour bien faire brûler les ordures"
explique Anne de Lander, responsable de la communication à Eco-emballage. "Alors
autant utiliser un pot de yaourt à la place, de toutes façons trop difficile à
recycler".
D'ailleurs, seuls 134 incinérateurs sont encore aujourd'hui en fonctionnement,
contre 300 il y a dix ans. Et 10 départements français se trouvent encore en
situation de saturation pour le traitement de leurs déchets. Reste que la
France devra, encore une fois, faire des efforts sous la contrainte européenne :
une directive a fixé un objectif de 55 % des emballages recyclés d'ici à 2008.