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Interview

«Cet hiver, le prêt-à-porter sera "so chic"»

Combien de temps à l'avance décèle-t-on une tendance ? Lysiane de Royère Dans les bureaux de style, nous travaillons avec un double système. Le premier, celui qui a toujours existé, consiste à travailler sur du long terme, avec deux ans d'avance. Actuellement nous réfléchissons aux couleurs et aux influences des collections de l'hiver 2006 - 2007. Par contre, nous avons déjà sorti toutes nos premières informations sur l'été 2006. D'autre part, nous sommes un des premiers bureaux à avoir édité aussi un cahier sur les tendances socioculturelles. Mais notre travail se conjugue aussi au présent puisque dès qu'une collection sort, nous en réalisons des analyses et des synthèses très poussées. Parallèlement, on assiste depuis une dizaine d'années à un raccourcissement du système. Aujourd'hui, tout le monde court après l'information et la tendance : les marques réactualisent sans cesse leur collection pour être au plus proche de la tendance. Et ce, même s'il s'agit de la tendance de l'année suivante : il y en a qui l'appliquent tout de suite, pour commencer à la faire accepter du public en quelque sorte. C'est la politique de Zara et H&M par exemple. Donc maintenant on a, en plus, un nouveau cahier de tendance appelé "Ultime" que nous éditons avec un délai plus proche.

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SOMMAIRE

Quelles vont être les grandes tendances du prêt-à-porter de cet hiver ?
Cet hiver sera une saison "so chic". On commence par le vintage, la référence aux années 50. Le vintage a deux adaptations : soit le vêtement type puces, fripes, ou une adaptation plus rétro. Celle qui est la plus présente actuellement est l'adaptation rétro, les détails années 50 qui font revivre l'élégance. Et ça c'est nouveau : on avait un peu oublié l'élégance ! Pour illustrer ce look des héroïnes hitchcockiennes des années 50, nous avions dit dans notre cahier "exit les lolitas chocs et bonjour les diva chics" !

Qu'est-ce qui caractérise la mode des années 50 ?
Plusieurs détails. D'abord la jupe redevient plus importante que le pantalon. Elle est évasée, avec des godets, ou très droite : c'est la jupe crayon. C'est aussi le triomphe du cardigan ceinturé, du tweed, des petits noeuds partout... Et puis il y a beaucoup de bijoux qui reviennent. Enfin, vous avez la fourrure : le léopard si on se veut plutôt junior, avec des couleurs, violet par exemple chez Galliano pour Dior ; ou l'astrakan qui est une fourrure des années 50 qui revient aussi beaucoup. Tout ça pour faire des petits produits, surtout pas le grand manteau de grand-mère, ce sont des touches de fourrure : une étole, la petite veste, le sac... Souvent les produits restent tendance assez longtemps, seules leurs interprétations changent. Le trench coat par exemple était déjà là l'an dernier. Cette année, il va encore être tendance mais dans une version tweed.

Donc les tendances s'éternisent un peu, en quelque sorte ?
Oui, maintenant les marques n'ont plus envie d'arrêter les choses qui marchent, ce serait idiot. D'où toutes ces différences interprétations qui peuvent être faites, comme par exemple sur le rose qui est une couleur restée tendance plusieurs collections d'affilée, en variant du rose bonbon au fuchsia en passant par le rose pâle... Seuls les Brésiliens ont du mal à accepter qu'une tendance puisse durer plus d'une saison !

Et quelles seront les matières et les couleurs de cet hiver ?
Le tweed bien sûr, mais aussi un retour des velours, de la chemise blanche, la robe qui reprend de l'importance... Pour accompagner ça, on aura côté bijoux tout ce qui est sautoirs, clips et petites broches. Le cuir est toujours présent, en particulier le croco. Du point de vue des couleurs, on aura du marron et puis le violet et le vert qui sont les deux couleurs qui vont s'imposer. Enfin, le noir et blanc à la Hitchcock aussi sera présent.

Aviez-vous prévu ces tendances il y a deux ans ?
Oui, on avait parlé beaucoup de fourrures, des jupes droites et évasées. Par contre, je crois pas que nous ayons mentionné les petits noeuds partout ! Évidemment, on ne peut pas tout donner...

Mais les bureaux de tendances font-ils vraiment la tendance ?
La tendance, c'est toute une galaxie. On ne fait pas la tendance ex cathedra. Si on la fait, c'est parce qu'il y a la même influence, le même ressenti des créateurs du bureau à un moment donné. Et puis tout le monde se connaît dans le milieu. Les créateurs échangent perpétuellement leurs impressions sur tel ou tel film, expo etc. Et c'est finalement un peu le bouche à oreille dans ces milieux branchés qui va faire la tendance.

Votre définition du mot tendance ?
Le mot tendance pour moi signifie humer l'air du temps, être un scout de la tendance, dans le sens où un scout est quelqu'un qui fouine. En fait, nous sommes des fouineurs. La curiosité, dans notre métier, est une grande qualité ! Il faut tout voir, tout savoir et internationalement si possible.

Justement, y a-t-il des pays qui sont à la pointe de la tendance et influencent particulièrement vos créateurs ?
Je dois dire que si on a un shopping à faire, on va à Londres. Cette capitale est toujours très avant-gardiste, avec tous ses petits créateurs. Un exemple : depuis janvier, on voit de plus en plus de vert dans les journaux, et les collections commencent à s'en inspirer. Et bien cet été, à Londres, tout était vert alors que nous, on en était encore au rose. En fait, le rose est une couleur qui a été énormément utilisée et qui est en "fin de vie" alors que le vert débarque. Il est intéressant d'ailleurs de voir que le rose se mélange très bien avec le vert. C'est une loi du marché : très souvent, une couleur qui va bientôt disparaître s'accorde très bien avec la couleur montante. Bref, quand Paris était encore rose, Londres était déjà vert : ce sont vraiment les premiers à adopter la tendance. Ensuite celle-ci s'empare de Milan et New-York, et en dernier de Paris, un peu en décalé, car le public parisien est assez conservateur et ne bouge pas très vite !

En prêt-à-porter, avec quelles marques Promostyl travaille-t-il ?
Nous travaillons avec des marques comme Calo, mais aussi de la distribution et des chaînes, comme H&M, Etam, Zara....

Les critères de réalisation des tendances sont-ils les mêmes pour des marques de gamme différente ?
Non, bien sûr. D'abord, pour le haut de gamme, vous travaillez avec des matières luxueuses. Et plus qu'ailleurs, dans le luxe, il faut surprendre, alors que le client de Zara et H&M doit être dans le courant. Car tout le monde est branché maintenant ! Les gens qui dictent la tendance, ce sont au final les créateurs. Car tout le monde s'intéresse aux créateurs d'une façon ou d'un autre. Les journaux reprennent les images de leur défilés et les clientes lisent la presse, ainsi de suite. Finalement nous, nous sommes un des vecteurs qui prépare les créateurs et eux, ils achèvent de dicter la tendance !

Le site de Promostyl :
http://www.promostyl.com


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