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Béatrice Pichon-Clarisse. |
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Béatrice Pichon-Clarisse est botaniste de formation. Aujourd'hui photographe, elle nous explique la diversité des créations en France et les émotions qu'elle y ressent lors de ses prises de vue.
Diversité, originalité... Que souhaitez-vous montrer avec cet ouvrage ?
L'ouvrage est une promenade de découverte à travers les jardins français. Il veut surprendre par la diversité des lieux, des couleurs, des ciels, des perspectives, des structures, des plantes
Ces paysages sortis de l'imaginaire parlent d'eux-mêmes, comme une succession de tableaux brièvement commentés sans clés inutiles, pour laisser toute sa part au rêve. Chaque jardin est situé dans un lieu, souvent dans une époque, avec de loin en loin quelques créateurs pour rappeler que le jardin n'est pas l'uvre de la nature, mais du jardinier à l'écoute de la nature.
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Photo © Béatrice Pichon-Clarisse |
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| "Le jardin n'est pas l'uvre de la nature, mais du jardinier à l'écoute de la nature. " |
Comment avez-vous sélectionné les jardins ?
Nous avons souhaité couvrir toute la France, ce qui est déjà un bon pari sur la diversité ; dans chaque région, nous avons privilégié les différences pour sortir des lieux communs qui résument le jardin à quelques styles "à la française", "à l'anglaise", "à l'italienne"
qui ne veulent plus rien dire. Les créations contemporaines, qui ont été très nombreuses durant ces vingt dernières méritent mieux que ces clichés. Si nous avons réussi à montrer qu'il n'y a pas deux jardins semblables, vous aurez envie d'aller les explorer ; un pas aura été fait vers la connaissance de ce patrimoine assez méconnu, malgré un certain engouement apparu dans les années 90.
Y'en a-t-il un que vous préférez ?
Celui qui est en couverture, "le jardin Plume", me parle beaucoup. Il est fort malgré sa légèreté de plume, et gai même avec les nuages de Normandie. Un jour d'automne où des milliers de fleurs mauves et roses montaient des herbes dorées, j'avais l'impression de voir fuser les fleurs dans mon objectif, comme si je filmais un feu d'artifice. Pour moi, c'est un jardin magique ; je l'ai vu sortir d'un verger tout plat. Quand ils s'y sont installés, Sylvie et Patrick Quibel m'ont expliqué, enthousiastes, ce qu'ils allaient faire avec la prairie, la vue, le ciel et l'eau ; je n'avais rien compris, mais en découvrant le résultat trois ans plus tard, j'en ai eu le souffle coupé. A chaque retour, j'ai peur d'être déçue et c'est toujours plus beau. Même l'hiver, le jardin reste présent, incontournable.
Qu'est-ce que les jardins vous inspirent ? Essayez-vous de montrer l'esthétique, la botanique ?
Les jardins sont des espaces clos où je me sens protégée, au repos, et en même temps ils sont immenses, presqu'infinis à mes yeux si bien que je ne m'y ennuie jamais. Ils ouvrent des portes sur le paysage, l'histoire, l'art , mais aussi le quotidien, la vie, l'intimité
Les jardins sont aussi un lieu de connaissances, de préservation de la biodiversité, qui me ramène à ma vocation première de botaniste ; aujourd'hui je connais probablement mieux les plantes pour les avoir photographiées pendant des années que si j'étais restée biologiste en laboratoire. Je me sens tellement proche du végétal et des jardins que c'est facile de les photographier : il n'y a qu'à attendre et saisir la lumière.
Est-ce que vous jardinez ? Ou est-ce que vous préférez photographier les jardins ?
J'ai un petit jardin en banlieue parisienne ; je le délaisse beaucoup, mais je lui dois un beau cadre de vie et beaucoup de réconforts dans des moments de découragement. C'est quand ça ne va plus trop bien qu'il profite de mes soins ! Le jardin et la photographie s'opposent complètement dans leur rapport au temps. La photographie donne l'illusion d'arrêter le temps, de le dominer d'une certaine façon, tandis qu'au jardin il faut composer avec. Je crois que je ne suis pas encore assez sage pour faire un jardin, mais ça viendra.
Quels sont vos projets ?
Trouver du temps pour lire et faire de nouveaux livres
. Connaître les jardins du monde et faire le mien ; je sais déjà où.
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