Vie pro
09/12/2004
Carly Fiorina : la femme qui pèse 80 milliards de dollars
Parmi les dix premières "femmes les plus puissantes du monde", désignées récemment par le magazine Forbes, il y a neuf personnalités politiques... et elle. Elle, Carleton Fiorina -dite Carly- PDG de la société d'informatique Hewlett-Packard (HP). La seule femme au monde capable d'avoir une influence équivalente, dans la sphère économique, à celles des grandes politiques de ce monde. La seule aussi à diriger une entreprise faisant partie du Dow Jones, cet indice regroupant les 30 valeurs les plus importantes des Etats-Unis. L'unique, enfin, à être responsable d'un chiffre d'affaires atteignant 80 milliards de dollars. Pourtant, ses méthodes de management en ont déconcerté plus d'un. D'abord, elle n'est pas du sérail. Contrairement à la tradition de HP qui recrutait tous ses dirigeants en interne, cette première femme nommée à la tête de l'entreprise, en 1999, est également la première à venir de l'extérieur. Elle a fait sa carrière dans les télécoms, sans parler de ses diplômes d'histoire médiévale et de philosophie... Peut-être est-ce dans cette formation atypique qu'elle puise les secrets des audacieuses décisions qui lui valent de nombreuses inimitiés : restructuration du groupe, licenciements... Le tournant sera le rachat de Compaq, au terme d'une longue bataille boursière finalement remportée en 2002. A cette étape, c'est définitivement une star, dont les revenus - loin derrière ceux des grands hommes d'affaires américains, certes - s'élèvent à 7,2 millions de dollars annuels. Et cette jolie blonde de 50 ans aux cheveux courts a déjà inspirées deux biographies imposantes façon "success-story". HP est aussi sommée de devenir une entreprise paritaire : en France par exemple, un manager embauché sur deux doit être une femme. Un objectif presque rempli déjà puisque 45 % des nouvelles recrues sont féminines. Cependant, Carly Fiorina se défend d'être une féministe : tout ce qu'elle souhaite, a-t-elle déclaré, c'est que "les hommes réalisent que le talent ne dépend pas du genre masculin ou féminin". Du talent, il lui faudra en montrer à nouveau en 2005, car le bilan de l'année écoulée a compté quelques crises financières de taille pour le groupe. Des appréciations critiques lui conseillaient de recruter un numéro 2 pour l'aider à diriger, d'autres prétendaient qu'elle abandonnerait HP pour se lancer dans la politique. Deux insinuations qu'elle a vivement démenti : "J'aime cette entreprise et j'aime mon travail", a-t-elle coupé. Quant à partager le pouvoir, il n'en est pas question : "il vaut mieux que le PDG [seul] ait les mains sur le gouvernail", a-t-elle expliqué. Des mains de fer, certainement.
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