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28/10/2006

Motiver son enfant à lire, sans le contraindre

Tout au long de la scolarité, les parents s'inquiètent des compétences de leur enfant en lecture. Faut-il ou non l'aider à apprendre à lire ? Quand et comment intervenir sans lui mettre la pression ? Les réponses de Christian Poslaniec.
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CONSEIL
Christian Poslaniec
Par Christian Poslaniec, chercheur, formateur, écrivain

Comment aider son enfant à apprendre à lire ?

L'apprentissage de la lecture au sens strict concerne les premières années d'école primaire et donc l'action des enseignants. Mais les parents peuvent faciliter cet apprentissage en familiarisant leur enfant avec l'écrit et ce, de la petite enfance jusqu'à l'adolescence. D'abord en lui lisant des histoires, en lui montrant les images et en en parlant avec lui. Ensuite, en lui constituant une "première bibliothèque" et en l'emmenant de temps en temps à celle du quartier. Les parents donnent aussi l'exemple en prenant eux-mêmes du plaisir à bouquiner ! L'enfant aura alors l'envie et la motivation d'y parvenir. A condition, bien sûr, qu'il se sente en sécurité. C'est-à-dire que l'aide de ses parents complète les méthodes employées en classe mais ne perturbent pas (en les devançant ou en les embrouillant) les bases de l'apprentissage. Dernière recommandation, les parents doivent garder à l'esprit que l'apprentissage de la lecture ne s'achève pas quand l'enfant sait déchiffrer péniblement. Il doit ensuite automatiser cette capacité à lire afin d'accéder au sens du texte, et donc aux plaisirs de la lecture : la joie de ressentir des émotions "pour de faux", de laisser courir son imagination, d'exprimer ce qu'il ressent grâce à la fiction... Aider son enfant à lire et à lire encore, sans le forcer ou lui faire subir une pression, mais en le motivant, reste donc une priorité pendant plusieurs années.

Par quels moyens le motiver ?

En faisant de lui un lecteur, c'est-à-dire un enfant qui décide de lire. Pour cela, on peut très bien, par exemple, lui lire le début d'un livre, jusqu'au moment le plus passionnant, et lui dire qu'il peut continuer lui-même... Ou encore lui offrir un livre en lui expliquant que, la semaine suivante, on l'emmènera voir l'adaptation au cinéma, ou encore l'aider à adapter un livre en spectacle de marionnettes. Autrement dit, il n'est pas nécessaire d'aller chercher d'autres supports que les livres : la littérature jeunesse ne manque pas de ressources. Il y en a pour tous les goûts et tous les âges : ouvrages à manipuler pour "apprivoiser le livre", abécédaires pour apprendre l'alphabet en jouant, imagiers pour découvrir du vocabulaire, albums pour rêver et contes pour s'évader... Peu à peu, l'enfant emmagasine des savoirs qui lui permettront de progresser dans son itinéraire de lecteur : des mots techniques (page, couverture, auteur, éditeur), des connaissances littéraires (le récit, le personnage, l'illustration), des références (contes connus, schémas de fiction traditionnels : le renard et les poules, le doudou égaré, la princesse à délivrer...). Quant aux logiciels et aux jeux spécialisés sur la lecture, ils ne peuvent pas remplacer les livres, même si ils sont tout à fait instructifs sur d'autres plans, surtout s'ils plaisent à l'enfant.

Si l'enfant bloque, comment faut-il réagir ?

Tout dépend de la nature du blocage. S'il est lié à des problèmes psychologiques ou sociaux, il ne concerne pas la lecture en elle-même et sert de signal d'alarme. Il ne faut alors pas hésiter à consulter des spécialistes, après avoir sollicité l'avis des enseignants. Il arrive aussi, mais c'est bien plus rare qu'on le croit, que l'enfant ait des réels problèmes concernant la lecture, auquel cas les orthophonistes peuvent les déterminer et proposer des activités pour les corriger. Mais le plus souvent, quand l'enfant est fâché avec la lecture, c'est que des maladresses ont été commises par les parents ou les enseignants, notamment quand la contrainte a été utilisée. En fait, quand on oblige un enfant à lire, il cesse de lire quand l'obligation cesse. Dans ce cas, il existe de nombreux moyens de le réconcilier avec la lecture. Par exemple, lui demander, "puisqu'il sait lire", s'il accepterait de lire des albums à son petit frère ou sa petite sœur. Ou bien lui proposer de lire à deux voix une histoire où deux personnages dialoguent. Ou même de choisir lui-même, en librairie, un ouvrage à offrir pour l'anniversaire d'un copain. Il faut savoir que beaucoup de blocages sont moins graves qu'il n'y paraît et que tous les jeunes enfants ont envie d'y arriver mais ont besoin de circonstances favorables.

 

Le plaisir de lireEn savoir plus

"Le plaisir de lire expliqué aux parents"
Christian Poslaniec
Éditions Retz, 174 pages
Consultez les librairies

 

 

Katrin Acou-Bouaziz, Journal des Femmes

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