Ecole : le redoublement crée la polémique

C'est un drame du troisième trimestre que nombre de familles a connu : l'arrivée du bulletin fatidique marqué de l'infâmant "doit redoubler". Cris, pleurs, supplications des parents auprès des professeurs et du proviseur... Aujourd'hui, la polémique sur l'utilité du redoublement est relancée par le nouveau projet de loi d'orientation sur l'école, qui prévoit de renforcer l'autorité du conseil de classe sur ce genre de décisions. Les parents pourront donc faire appel, mais non plus s'opposer à une décision de redoublement.

Le paradoxe de cette loi, c'est que le redoublement est inefficace dans la plupart des cas, selon plusieurs études nationales et internationales. De 2002 à 2004, par exemple, 4000 élèves de Bourgogne ont été suivis et testés, puis on a comparé à la fin de l'année les connaissances de ceux qui avaient redoublé leur CP avec ceux qui, quoique de niveau aussi faible, avaient été autorisés à suivre un CE1. Résultat : dans neuf cas sur dix, ceux qui étaient passés dans la classe supérieure étaient meilleurs que les redoublants.

Côté international, le verdict est également sans appel. Les pays où l'on redouble le moins sont aussi ceux qui obtiennent les meilleurs résultats de la classe européenne. La Finlande, où seulement 0,5 % des élèves ne passent pas automatiquement dans la classe suivante, décroche même la première place du palmarès scolaire 2004 de l'OCDE (qui compare les savoirs de tous les élèves européens). Alors que la France, où plus d'un tiers des élèves ont au moins un an de retard scolaire à 14 ans, obtient une médiocre 15e position.

Et c'est logique, selon les chercheurs en science de l'éducation. Le redoublement n'est pas la bonne méthode, expliquent-ils. D'une part parce qu'il consiste à prendre le même enfant, les mêmes méthodes (voire les mêmes professeurs) et à recommencer ce qui n'a déjà pas marché. D'autre part parce qu'il déprime les élèves et leurs familles, contribuant à les inscrire dans un cercle vicieux où ils se sentent stigmatisés comme "mauvais élèves".

Alors, pourquoi donc continuer à le proposer dans tous les cas de difficultés scolaires ? Eh bien... parce que l'équipe pédagogique ne dispose pas d'une meilleure solution. Le programme idéal, qui s'adapterait à chaque enfant en douceur pour lui permettre de rattraper ses camarades dans les niveaux où il avance moins vite, par exemple grâce à des cours de soutien personnalisés, n'existe pas. Et s'il existait, il coûterait certainement très cher. De plus, le ministre a souhaité "restaurer l'autorité des enseignants" en leur donnant le dernier mot sur la question des redoublements. Espérons qu'ils en fassent bon usage.

En savoir plus
Le site officiel sur la loi sur l'école : www.loi.ecole.gouv.fr