Béatrice, 43 ans : "Mes migraines
semblent être un symptôme dépressif"
"Pendant 20 ans, j'ai souffert de crises de migraine
qui se déclenchaient essentiellement sur les nerfs optiques.
C'était comme si un fou avait enroulé mon nerf optique sur
une allumette et qu'il tournait lentement ce dispositif ...
Je vous laisse imaginer ce que j'endurais, jusqu'à quatre
jours consécutifs, pendant lesquels j'avais, en plus, la nausée.
"Je ne supportais plus aucune lumière, aucune
odeur et les bruits les plus discrets prenaient une ampleur
étonnante. Ainsi, j'allais me coucher dans le noir complet
et j'étais obligée d'enlever la pile de ma pendule de cuisine,
à l'autre bout de l'appartement, parce que je ne supportais
pas le bruit de la trotteuse qui, en temps ordinaire, n'est
même pas perceptible. J'ai essayé TOUS les traitements : du
drainage lymphatique au traitement de fond à l'ergot de seigle,
de la prise de simple aspirine aux triptans. J'ai même
été hospitalisée à deux reprises pour des crises trop
aiguës. Je souffrais d'un vrai handicap."
"Parallèlement à ça,
j'ai connu des moments difficiles et j'ai donc déclaré
une dépression. J'ai débuté une prise
en charge par une psychothérapie et j'ai lu par hasard
un jour un article qui a fait tilt chez moi : et si mes migraines
étaient un symptôme dépressif ? J'ai un peu fouillé
le sujet et j'en ai discuté avec le psy qui m'accompagnait
alors. Il est vrai que les graves crises de migraine qui m'ont
conduit à une hospitalisation étaient plus ou
moins liées directement à des événements
difficiles à gérer émotionnellement.
C'était donc une hypothèse plausible".
"Pour moi, c'était mon corps qui
exprimait les maux qu'il ne pouvait pas dire avec des mots...
J'ai pris des antidépresseurs et mes migraines ont diminué.
En fait, pour être claire, je me réveillais auparavant
tous les matins avec un étau dans la tête. La
migraine se déclenchait ou pas ensuite. Avec les antidépresseurs,
je me réveillée la tête claire et légère
: vous ne pouvez pas imaginer le bonheur que c'était."
"Depuis six mois, j'ai décidé
de faire une pause dans ma psychothérapie et dans la
prise d'antidépresseurs. Les crises de migraines ont
tendance à revenir un peu plus. Je prends des triptans
lorsque je sais qu'une migraine pointe son nez. Je n'ai pas
terminé mon travail psy, mais j'ai réussi à
identifier les causes de mes migraines, et je ne les aborde
plus de la même façon. Je gère mieux les
crises. Je suis actuellement en train de réfléchir
: dois-je faire le choix de reprendre un traitement antidépresseur
pour lutter contre ces migraines, la solution de confort,
ou est-ce que je conserve ces migraines qui sont aussi pour
moi un indicateur d'alerte de ma santé ?"
"Je n'ai pas entamé une psychothérapie pour
résoudre mon problème de migraine. C'est un effet 'rebond'
inattendu et... heureux. Je n'ai pas de conseil particulier
sauf peut-être d'écouter ce que vous dit votre corps. Trouver
les mots pour décrypter les maux."
L'avis
du Dr Dib
"Il est plus qu'important de dire que
la migraine n'est pas une maladie psychologique ni psychique.
Partant de cela, la psychothérapie n'est pas un traitement
de la migraine. Par contre, dans certains cas, la dépression
avec le stress et l'émotion, font partie de facteurs
psychologiques de déclenchement de la migraine. Il est
donc admis que, dans ces situations, le traitement de
ces facteurs améliorerait la migraine. Un autre point
important et différent, certains antidépresseurs (et
pas tous), ont une efficacité démontrée - à faibles
doses - dans le traitement de la migraine et les
céphalées de tension, d'une façon indépendante de l'existence
ou non d'une dépression. Ceci passe probablement par
un effet sur le seuil de la douleur - et non sur
la dépression - dans la migraine. Par contre, en
cas de dépression (cas plus rares), des antidépresseurs
plus classiques, ou à des doses plus importantes, sont
donnés pour supprimer ce facteur déclenchant."
Lire
l'interview du Dr Dib
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