Le prof faisait chanter les parents d'élèves
Appelez-le “Maître Corbeau”. Un enseignant d'un lycée proche d'Avesnes-sur-Helpe, dans le Nord, est poursuivi par la justice pour extorsion de parents d'élève.
"Je ne comprends pas pourquoi mon fils est exclu du lycée alors que je paie pour qu'il ne le soit pas", a déclaré le père d'un élève à l'issue d'un conseil de discipline. Le proviseur lui a alors conseillé de déposer plainte.
L'affaire a démarré le 9 décembre 2011 lorsque le garçon a jeté des boulettes en papier sur l'enseignant. Le professeur a contacté les parents "pour leur demander des réparations", affirmant avoir subi "de graves conséquences traumatiques" et exigé "qu'on lui verse 10 000 euros", selon le procureur. La famille de l'élève étant très modeste, une négociation un peu sordide a débouché sur une somme de 7 500 euros, répartie en versements mensuels de 300 euros. Le professeur et sa compagne ont tenu à formaliser l'engagement en faisant "signer une convention" aux parents.
Interpellé mardi avec sa fiancée, le professeur a été "placé sous contrôle judiciaire et est interdit d'accès à tout établissement scolaire" jusqu'à sa comparution le 27 février, a expliqué à l'AFP le procureur d'Avesnes-sur-Helpe Bernard Beffy, confirmant une information de France Bleu Nord.
Lors de sa garde à vue cette semaine, l'enseignant a nié les faits. "Je suis victime de la famille de cet élève", s'est défendu l'enseignant dans un enregistrement publié vendredi par La Voix du Nord sur son site internet."C'est la famille qui m'a demandé un arrangement financier pour que leur fils n'ait pas un casier judiciaire pour l'empêcher de rentrer dans la gendarmerie et pour que le père n'ait pas de répercussions sur son emploi", affirme-t-il.
Le professeur assure avoir reçu des morceaux de brique enveloppés dans du papier aluminium. "Cette version a été démentie par l'enquête", souligne le procureur. "La hiérarchie du lycée dément avoir reçu un rapport d'incident. Le document retrouvé chez serait un faux et l'enseignant n'a jamais eu d'arrêt de travail", selon le Parquet.
L'enseignant et sa compagne risquent jusqu'à sept ans de prison et 100 000 euros d'amende. Une affaire affligeante qui met l'Education Nationale en émoi.
