Des vitres scellent la fin des "cadenas d'amour"

Paris, "capitale de l'amour" ? Rien n'est moins sûr. Les amoureux transis vont se heurter à des panneaux de verre le long du Pont des Arts. C'est la nouvelle expérimentation de la ville de Paris pour lutter contre les cadenas jugés disgracieux et dangereux.

La polémique durait depuis des mois. Les élus brandissaient les problème de sécurité et d'esthétique que posaient ces amas de métal sauvages, mais la portée symbolique d'une décision d'interdiction risquait d'entacher l'image de la capitale.
Le Pont des Arts, qui enjambe la Seine au niveau du Louvre, entre le quai de Conti (VIe arrondissement) et la voie Georges Pompidou (Ier), et offre une des plus jolies vues de la Ville Lumière, un pont connu du monde entier pour ses milliers de "cadenas d'amour" que les plus passionnés viennent fixer le long du parapet, connaît ses dernières heures de gloire. Les grilles où les couples accrochaient leurs verrous par dizaines de milliers sont progressivement remplacées par des vitres.

Tradition. Présente sur tous les continents, en Allemagne, en Russie et jusqu'en Chine, et surtout en Italie, la tendance - ou l'épidémie - des "love locks" apportés par les touristes voulant sceller leur union est arrivée sur le Pont des Arts en 2008. Les tourtereaux y inscrivaient leurs initiales avant de jeter la clé dans le fleuve. La pratique s'est intensifiée et propagée avec les flux touristiques estivaux. D'autres ponts, comme celui de l'Archevêché près de Notre-Dame ou la Passerelle Léopold-Sédar-Senghor, et même le sommet de la Tour Eiffel, ont attiré les âmes désireuses d'immortaliser leurs sentiments. Les cadenas ont proliféré. Sur la Passerelle des Arts, leur poids qui atteignait 54 tonnes a fait s'effondrer une rambarde et plancher les urbanistes.
Inquiète la Mairie cherchait "des alternatives à la fois artistiques, solidaires et écologiques" à cet engouement.
L'édile de la capitale, Anne Hidalgo a ainsi inscrit le phénomène en tête de sa feuille de route 2014-20210 et chargé l'adjoint de Paris à la Culture Bruno Julliard (PS) de trouver une démarche "incitative", "non punitive" et "soucieuse du patrimoine".
Une opération de communication visant à inciter les couples d'amoureux à remplacer les cadenas par des "selfies" à publier sur Internet a été lancée cet été, sans succès. Solution trouvée cette semaine : la Ville a fait installer deux panneaux "légers et transparents", qui n'apporte "aucune pollution visuelle". Une réponse logistique, mais pas romantique, donc. Concilier lois de l'attraction et de la gravité semble sans issue.

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Des vitres scellent la fin des "cadenas d'amour" © Capture d'écran Twitter/@BrunoJulliard