Lauriane Chomaz

Lauriane Chomaz

"J'ai toujours eu beaucoup d'intérêt pour la physique puisque mon enfance en était remplie. Dès les premiers souvenirs que j'en ai, dans mon imaginaire, se bousculaient les atomes, les noyaux, les électrons, les neutrons, les protons, les gluons, les quarks sans sens ni ordre, comme un big bang intérieur. Les discussions qui m'entouraient étaient ponctuées de noms étranges comme Ganil, IN2P3, Spiral ou GSI et de drôle d'expressions tels temps de faisceau ou shift, envoûtant comme un chant ancestral, comme une mélodie qui vous berce depuis des temps immémoriaux. Mes yeux rencontraient quotidiennement de beaux dégradés de couleurs, des courbes dans tous les sens sur les ordinateurs de mes parents, séduisant comme des oeuvres d'art abstrait. Tout cela, je le vivais sans comprendre, la recherche constituait le monde qui m'entourait. J'en étais fière, j'ai poursuivi et j'ai pris ma place dans ce monde.

J'ai était guidé tout au long de mes études par ce qui me plaisait le plus, en suivant mes envies. J'ai eu la chance de profiter de professeurs passionnés et qui savent transmettre leur passion. Petit à petit, j'en suis ainsi arrivée au domaine de recherche dans lequel je travaille et je m'épanouie maintenant. Par ce long et doux processus, j'ai pénétré dans un domaine réputé ardu, dans lequel les chercheurs s'attachent à comprendre des phénomènes qui peuvent paraitre contre-intuitifs, se confrontent aux théorie les plus pointues, s'attaquent aux mystères qui subsistent dans notre compréhension du monde. Ce domaine que peu comprennent me satisfait pleinement, humainement (puisqu'on y travaille toujours en équipe) et intellectuellement (puisque ce n'est jamais simple de répondre à une question)."

Enfant, aviez-vous le Manuel des Castors Juniors ou une collection de poupées Barbie ? J'avais des deux mais ce n'est pas avec eux que je préférais jouer. Ce que j'adorais particulièrement, c'était les playmobils. J'ai toujours joué avec mon frère, il utilisait mes jouets, j'utilisais les siens et nos deux chambres n'étaient qu'un grand terrain de jeu commun. Je m'interroge donc, de par mon expérience, sur cette vision sexiste des jouets pour enfants qui est pourtant un leitmotiv.

Que diriez-vous à ceux qui trouvent que masque, lunettes de protection et chignon serré, ce n'est pas très féminin ? Je leur dirais que le sens et l'utilité de ces accessoires ne sont bien sûr pas d'être sexy. Mais cela ne veut rien dire sur la personne qui est dessous, que ce soit un homme ou une femme. Après, tout relève du regard qu'on veut bien y porter... Il faut quand même dire que la plupart des chercheurs ne travaillent pas dans cette tenue et en particulier, ce n'est pas mon cas. Mais vous devriez poser vos questions aux personnages du clip de campagne de la Commission Européenne "Science, it's a girl thing", elles seraient plus à même d'y répondre.

La physique, c'est fantastique. Et que pensez-vous de l'esthétique ? J'aime faire du sport mais ça n'a rien à voir avec une recherche esthétique. Je prends soin de mon corps pour être capable de faire des activités physiques exigeantes et qui me plaisent. Je fais de l'escalade parce que j'aime ça, parce que j'aime cette façon de profiter de la nature et de repousser ces propres limites. Auriez-vous posé la question de la même façon à un homme? Oui !

Les sciences, vous les préférez naturelles. Et votre hygiène de vie ? J'aime et je m'efforce à respecter notre planète. Dans ce sens, je suis membre  d'une AMAP (Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne). C'est de cet engagement envers l'environnement plutôt que pour mon hygiène de vie, que je fais attention à ce que je mange ou a ce que je consomme. Pour ce qui est de ma personne,  j'aime m'amuser et faire la fête et cela ne va pas toujours dans le sens de respecter la meilleure hygiène de vie du monde...

Lorsque vous ôtez votre blouse, quel est votre style ? Mon style suit mes envies.

En cuisine, vous êtes plutôt plats tout prêts dans le frigidaire, chimie moléculaire ou spécialiste de la bonne chère ? J'aime cuisiner mais je ne crois pas que ce soit cela qui améliore mes qualités de physicienne expérimentatrice.

Avec quelle célébrité aimeriez-vous créer des atomes crochus ? Babar

Le principe de relativité, vous l'appliquez aux garçons ? Chaque personne, homme ou femme, est unique et j'espère que tout le monde est capable de saisir cela. C'est une bien triste question.

Quelle est la composition du philtre d'amour ? C'est toujours plus satisfaisant de se débrouiller sans... Par contre, transformer le plomb en or, ce serait pas mal: plus simple que d'obtenir un financement de l'Agence Nationale pour la Recherche et pratique pour combler le déficit de l'état Français...

Portrait chinois :

Si vous étiez...
un mot :
 patioquer
un végétal :
une glycine
un film :
 A streetcar named desire d'Elia Kazan.
une recette :
les oeufs Benedict.
un objet:
un appareil photo
un animal :
un chamois (en tout cas j'aimerais bien)
une drogue :
un vin rouge un peu tannique
une chanson :
ça peut être : Blue Monday repris par Nouvelle Vague, Jupiter d'An Pierlé ou encore Good Feeling de Eels, Something Good d'Alt-j...selon les humeurs, selon les envies.
Si vous étiez un homme : je ne serais pas très différente de moi femme, peut être un peu moins chiante, surtout au moment de l'adolescence. Sûrement, je serais aussi un peu plus poilue, j'aurais des épaules plus larges et je ne porterais plus de soutien-gorge...
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