Démographie : la France affiche un dynamisme insolent
Des bébés par milliers, une espérance de vie au beau fixe, un nombre de décès limité : la France est au top de sa santé démographique. Mais pour combien de temps ?
La France a confirmé en 2011 sa vigueur démographique, avec une population atteignant 65,4 millions d'habitants et une fécondité parmi les plus élevées d'Europe, selon les chiffres publiés mardi 17 janvier par l'Insee.
Depuis des années, l'Hexagone se distingue de la plupart de ses voisins par une natalité élevée (827 000 naissances en 2011; 2,01 enfants par femme) et une mortalité relativement limitée (550 000 décès), lui permettant d'afficher un "solde naturel" de 272.000 personnes et la deuxième population d'Europe, avec 65,4 millions d'habitants, derrière l'Allemagne.
La population française a crû ces dernières années de 0,5% par an en moyenne contre 0,3% dans l'Europe des 27.
Pyramide des âges
En France, note l'Insee mardi dans son "bilan démographique 2011", "le solde naturel élevé" est le "reflet de l'histoire de la démographie française" depuis "un siècle", marquée par deux guerres mondiales et le baby-boom, qui fut "remarquable par son ampleur et sa durée".
Ainsi, aujourd'hui, "les générations en âge d'avoir des enfants sont relativement nombreuses car leurs parents appartenaient aux classes nombreuses du baby-boom", nées après la guerre, poursuit l'Institut de la statistique.
De plus, les enfants des baby-boomers ont une assez forte fécondité, ce qui augmente encore le nombre de naissances."Dans le même temps, les générations plus âgées, nées avant le baby-boom, représentent un nombre de personnes bien moins important", ce qui limite le nombre de décès, souligne encore l'Insee.
La question des retraites
"Mais tout cela va changer car les générations du baby-boom vont vieillir dans les années à venir, ce qui va mécaniquement augmenter le nombre de décès", a aussi expliqué à l'AFP Pascale Breuil, chef de l'unité des études démographiques de l'Insee.
"La part des plus de 65 ans commence à augmenter plus fortement cette année, a-t-elle poursuivi, car la première génération du baby-boom, née en 1946, arrive tout juste à cet âge.
Et la fécondité, même si elle demeure élevée, reste en-deçà du seuil de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme) et ne peut donc contrebalancer les autres tendances démographiques.
Un vieillissement inéluctable
Parallèlement, l'espérance de vie va continuer à croître (78,2 ans pour les hommes, 84,8 pour les femmes en 2011) "et accélérer l'augmentation de la part des plus de 65 ans" dans une société, qui va devoir "s'adapter pour prendre en charge ces personnes âgées", selon Mme Breuil. "Et donc la croissance (démographique) française va ralentir" progressivement, a-t-elle poursuivi.
Du coup, le Royaume-Uni (62 millions d'habitants au 1er janvier 2010) pourrait voir sa population dépasser celle de la France en 2030 grâce à son solde migratoire et à sa fécondité (1,94 en 2009) proche de la France.