Violées, 313 femmes se manifestent

313, c'est le nombre de victimes de viols qui ont signé le manifeste publié par Le Nouvel Obs. C'est un acte courageux mais aussi politique, mené par la féministe et militante politique Clémentine Autain.

Il y a quarante ans 343 "salopes" reconnaissaient avoir avorté, aujourd'hui elles sont 313 à déclarer publiquement avoir été violées. La féministe Clémentine Autain, à l'origine du manifeste, a dévoilé avoir été victime d'un viol à 23 ans dans l'ouvrage "Un beau jour... combattre le viol" paru en 2011. Son engagement féministe s'est fondé sur ce drame : "Mon exemple révèle à quel point le viol reste un sujet tabou. Mon violeur était multirécidiviste, il a avoué entre vingt et trente viols, mais seules trois plaintes ont été déposées. Le viol reste un phénomène d'une ampleur et d'une gravité considérables, largement passé sous silence", témoigne-t-elle. Mais la jeune politicienne a eu l'idée de ce manifeste à la suite de l'affaire "DSK" : "A ce moment-là, la parole s'est libérée. Le sujet a été mis sur le terrain social et politique alors qu'avant il était confiné à la sphère privée. Je ne voulais pas que cet élan retombe", a-t-elle expliqué à TF1 News.
Les 313 signataires font partie des 75 000 victimes recensées chaque année en France. On compte un viol toutes les 8 minutes dans notre pays. Ce fait de société n'épargne aucun milieu. Les femmes du manifeste ont entre 18 et 87 ans et sont représentatives de la population. Il y a des journalistes, des infirmières, des étudiantes, des cadres supérieurs, des assistantes sociales, des retraitées... Parmi elles, se trouvent la joueuse de tennis Isabelle Demongeot, Marie-Laure de Villepin, ex-épouse du Premier ministre, Caroline de Haas, conseillère au ministère des Droits des femmes ou encore la scénariste Frédérique Hébrard.
Le but du manifeste est de libérer la parole, dans la mesure où trop souvent les victimes n'osent pas parler, par honte ou par peur. Aussi, Clémentine Autain souhaite-t-elle que le cliché du viol commis dans une petite ruelle par un individu effrayant disparaisse. "La réalité du viol, c'est que c'est dans 80% le fait d'une personne connue de la victime", affirme-t-elle. Ce que confirment les témoignages poignants des victimes...

Pour signer le Manifeste, écrire à violmanifeste@nouvelobs.com

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Une femme se masque le visage. © Arman Zhenikeyev - Fotolia.com