Journée internationale d'action pour la santé des femmes : Najat Vallaud-Belkacem nous parle de l'endométriose

A l'occasion de la Journée internationale d'action pour la santé des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, met en lumière l'endométriose et nous explique pourquoi il est urgent de faire connaître cette maladie.

Invisible jusqu'à présent, parce que liée aux règles, sujet au cœur de la féminité et encore totalement tabou, l'endométriose est une maladie qui touche une à deux femmes sur dix en France, comme dans le monde. Pour Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, il est inadmissible que des femmes, qui se battent contre la maladie, aient besoin de se battre contre la méconnaissance de leur entourage, voire la suspicion de la société.

Quels sont les enjeux de la Journée mondiale d'action pour la santé des femmes ?
Najat Vallaud-Belkacem : Chaque journée mondiale comme celle-ci est l'occasion d'attirer l'attention sur des sujets majeurs, trop souvent passés sous silence le reste de l'année. Je pense bien sûr au 8 mars, mais également à la Journée de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre. Plus méconnue, cette date du 28 mai permet de mettre l'accent sur l'inégal accès des femmes à la santé.

Qu'est-ce qui a déterminé le choix de cette cause
Najat Vallaud-Belkacem : L'endométriose est, pour moi, symptomatique des injustices que vivent beaucoup de femmes, en France et dans le monde : alors que la maladie touche une à deux femmes sur dix, la majorité des gens ignore jusqu'à son nom. Pourrait-on imaginer une maladie touchant plus d'un homme sur dix, et dont on ne connaîtrait pas l'existence ? Ce faisant, l'endométriose n'est pas assez prise au sérieux. Il faut sortir cette maladie de l'ombre. C'est ce que je veux contribuer à faire. 

En quoi est-ce une question de "société" ?
Najat Vallaud-Belkacem :
Parce qu'elle touche au cœur même de la féminité - les douleurs apparaissant la plupart du temps au moment des règles -, cette maladie est encore totalement taboue. Les victimes se voient trop souvent répliquer que ces douleurs sont normales, voire qu'elles ne sont que "dans la tête". J'ai reçus d'innombrables courriers de femmes me racontant combien cette situation, et le tabou qui l'entoure, leur sont préjudiciables auprès de leurs employeurs qui ne comprennent pas leurs absences répétées.

Que peuvent faire les politiques, les pouvoirs publics ?
Najat Vallaud-Belkacem : Avant tout, il faut faire connaître et reconnaître cette maladie. Le manifeste "Endométriose : ouvrons les yeux" que les associations de lutte contre l'endométriose me remettent aujourd'hui le demande expressément, et je suis de tout cœur avec elles dans ce combat. Dans les mois qui viennent, nous organiserons une soirée de soutien et une campagne de communication pour briser le tabou autour cette maladie. En cas de règles très douloureuses, il faut consulter : chaque femme doit bien l'avoir à l'esprit. Les entourages, les collègues, les employeurs doivent savoir que l'endométriose est une vraie maladie et que la femme qui en souffre mérite leur soutien et leur considération, comme n'importe quel malade.

En quoi cela est-il un combat pour lutter contre les inégalités de genre ?
Najat Vallaud-Belkacem : Mon combat, c'est de faire reconnaître les maladies touchant les femmes à leur juste mesure. En l'occurrence, il est temps que nous changions notre regard sur la souffrance des femmes atteintes de l'endométriose, qui doit être considérée comme toute maladie chronique.

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Najat Vallaud-Belkacem nous parle de l'endométriose © SIPA