L'incitation à l'anorexie ne sera pas légalement punissable

Les discours pro-anorexie ne tomberont finalement pas sous le coup de la loi. L'Assemblée nationale a en effet supprimé du projet de loi santé le délit d'incitation à l'anorexie et à la maigreur excessive.

La nouvelle peut surprendre, mais est bien motivée par un souci de sécurité. Dans la nuit du 24 au 25 novembre, les députés ont adopté un amendement destiné à supprimer une partie du nouveau projet de loi santé, porté par la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Ces dispositions concernaient le délit d'incitation à la maigreur excessive, dirigé notamment contre les sites pro-ana, faisant l'apologie de l'anorexie. La ministre s'est montrée favorable à cette suppression, un soutien motivé par la volonté de ne pas "repousser vers la clandestinité des jeunes ou moins jeunes" confrontés à des problèmes d'anorexie.                        
L'amendement, déposé par Catherine Lemorton, précise que selon "une récente étude scientifique, les auteurs des sites web visés par cette disposition souffrent eux-mêmes de troubles du comportement alimentaire" et une répression pénale ne leur serait d'aucune aide.                      
Le délit d'incitation à l'anorexie, voté en avril en première lecture, devait être punissable d'un an de prison et 10 000 euros d'amende. Pour les parlementaires, à l'époque, le but était de sanctionner l'incitation "à rechercher une maigreur excessive en encourageant des restrictions alimentaires prolongées ayant pour effet" d'exposer une personne à un danger de mort ou de compromettre directement sa santé". La création de ce nouveau délit avait semblé nécessaire car le Code Pénal ne permettait pas de s'attaquer à certains sites web. Le but était de lutter contre les sites "pro-anas" qui présentent l'anorexie et l'extrême maigreur comme des objectifs à atteindre en en vantant les bienfaits.  Les députées Maud Olivier et Catherine Coutelle avaient alors expliqué que "certains sites peuvent entrainer les personnes dans le cercle vicieux de l'anorexie sans être inquiétés par l'autorité publique". 

"Incitation à l'anorexie : une loi est-elle vraiment utile ?"