Alysson Paradis : confidences en coulisses

Bienveillante, généreuse, tellement agréable et tendre, cette actrice et jeune maman est aussi talentueuse qu'accessible. Rencontre sur les planches avec une artiste attachante.

Alysson Paradis : confidences en coulisses
© Cynthia Frébour

Quelle a été la genèse de votre présence dans "La Récompense" ?

De la manière la plus classique. Bernard Murat, le metteur en scène, m'a appelée peu de temps avant Noël pour me rencontrer et j'ai tout de suite été séduite par cet homme incroyable. J'avais envie de travailler avec lui depuis très longtemps… J'ai aimé sa curiosité, son humour, cela a été une chance inouïe, une joie.

 

La jeune maman que vous êtes n'a-t-elle pas eu d'appréhensions ?

Si, mais un enfant a tout intérêt à avoir une maman épanouie et mon épanouissement passe aussi par mon métier. Il suffit de changer de rythme, d'ajuster les habitudes. Je ne travaille pas le matin, donc je peux m'occuper de mon fils et son papa (Guillaume Gouix, ndlr) assure au maximum.

 

Comment pourriez-vous présenter votre personnage ?

Fabienne est pétillante et joyeuse. Elle a la légèreté d'une adolescente.

 

C'est une légèreté qui se rapprocherait de l'insouciance ?

Être léger est une qualité. C'est prendre la vie du bon côté, voir le verre à moitié plein, être positif. Je n'y vois pas de connotation péjorative comme de la bêtise.

 

Vous fait-on violence pour venir "travailler" ?

Aucunement. J'aime arriver tôt au Théâtre Edouard VII. Je me pose en terrasse, ou au restaurant, je passe du temps avec les gens qui travaillent là, qui sont tous devenus mes amis. Puis j'ai besoin de m'isoler dans ma loge.

 

Quelques mots sur vos partenaires sur scène ?

J'ai découvert Daniel Russo, un acteur formidable, un vrai roc. Il est puissant, hyper tendre et délicat. Lionel Abelanski, c'est une rencontre incroyable, un homme fantastique, gentil et doué. Il se réinvente tout le temps. Anne Jacquemin est un petit lutin à part, drôle et mélancolique à la fois. Je partage ma loge avec Alice qui a un petit rôle, elle est comme une petite sœur.

 

Vous en parlez comme une famille. Cette notion est-elle plus présente au théâtre qu'au cinéma ?

Oui. On partage un quotidien, des habitudes qui sont ancrées dans une temporalité commune. On est très soutenus au théâtre. Il y a les gens que l'on voit sur scène et ceux qui ne sont pas dans la lumière. Et l'on a rendez-vous ensemble tous les soirs quoiqu'il arrive, face à des publics différents, pendant plusieurs mois.

 

Aimez-vous cette routine de jeu ou est-ce une contrainte pour vous ?

C'est quelque chose qui me plaît énormément. Il y a des pièces où j'ai pu me lasser à un moment, mais en l'occurrence, jamais. Même le dimanche, même malade.

 

Comment ressentez-nous un public ?

On vous donne sur énormément. Il faut s'adapter. Il y a des salles où les gens sont dans le partage et ont envie de rire, beaucoup et très fort. Il y a aussi des salles silencieuses, calmes, dans l'écoute extrême, ce qui est déconcertant.

 

Quels effets ont les applaudissements sur vous ?

Ce sont des remerciements très agréables. C'est émouvant voire bouleversant. On redevient nous-mêmes en se disant qu'on a apporté un moment de plaisir.

 

Espérez-vous toujours conjuguer cinéma et théâtre ?

Je ne veux pas faire soit l'un soit l'autre. Ça me fait du bien d'être au théâtre, parce que ça représente toujours une mise au point, un moyen de recommencer et de s'améliorer et je serais contente de m'engager rapidement sur un film.

 

Avez-vous des projets ?

Je ne souhaite pas en parler avant qu'ils ne soient concrets. Le cinéma est tellement fragile… Si l'on annonce un film, il peut être décalé, reporté ou même ne pas prendre forme.

 

Jouer la comédie, prendre possession de l'espace, vous avez toujours aimé ça ?

Oui. J'ai été élevée avec mon cousin, on était tout le temps déguisés. On racontait des histoires, nous mettant en scène face à notre grand-mère qui était très friande de ça.

 

Quel est votre talent caché ?
Je suis une fille utile, manuelle, une très bonne bricoleuse : je tricote, je fabrique des bijoux, toutes sortes d'objets…

 

Aimez-vous votre visage ?
Je l'aime de plus en plus en vieillissant. C'est important de s'accepter. C'est le mien, je ne peux pas le refaire.

 

Quand on a une carrière d'actrice, que l'on doit toujours se fondre dans la peau des personnages, est-ce pour se cacher ou se mettre en avant ?
Ni l'un ni l'autre. Je ne l'ai pas envisagé comme ça. Je voulais raconter des histoires, rencontrer des gens, jouer comme quand j'étais enfant...

 

De quelle série raffolez-vous ?
En ce moment je regarde This is Us. Mon péché mignon, c'est Grey's Anatomy, même si c'est cheesy à souhait. Les soirées tranquilles à s'endormir avec une tasse de thé devant la télé, je trouve ça hyper cool. J'ai adoré Girls, Six Feet Under, Breaking Bad.

 

Quel compliment vous fait-on souvent ?
"Vous êtes gentille".

 

Qu'est-ce-qui peut vous rendre physiquement violente ?
Si l'on s'en prend à mon fils, un petit garçon de 2 ans.La dernière fois que je me suis battue, j'étais enfant, c'était pour protéger ma sœur Vanessa... Être acerbe avec les mots fait plus mal qu'un un coup de poing. En plus, je pardonne facilement. Je pars du principe que l'on a tous le droit de se tromper.

 

Des choses peuvent vous blesser ?
La méchanceté gratuite. Les réflexions désagréables d'un individu à court d'arguments peuvent me vexer.

 

Quel livre pourriez-vous nous conseiller ?
En attendant Bojangles. Il est facile à lire et magnifique. Je pourrais vous en citer 12 000 parce que c'est ma passion.

 

Etes-vous soucieuse des réactions ce que vous pouvez susciter ?
Je ne lis jamais les critiques. J'écoute mes proches et entend les remarques qu'ils peuvent me faire. à me faire. La maternité aide à prendre du recul. Je pense à mon fils avant de me soucier de ma petite personne.

 

Diriez-vous que vous avez un démon, un fantôme ou un ange gardien ?
Un ange gardien. J'ai conscience d'avoir énormément de chance, de mener une vie agréable et d'être entourée de gens bienveillants. Ça a commencé par mes parents qui sont deux êtres fantastiques. J'ai une grande sœur incroyable qui a créé une famille formidable, j'ai rencontré un amoureux génial et j'ai un fils merveilleux. Je ne peux pas être plus reconnaissante.

 

Etes-vous fière de ce que vous avez accompli ?

Bien sûr. L'envie de faire plus et mieux reste mon moteur, mais si je m'arrête pour regarder le chemin parcouru, je me rends compte que c'est plutôt chouette.