Adieu Anita Ekberg, actrice de légende de La Dolce Vita
Froideur scandinave et regard de braise, Anita Ekberg, la sulfureuse Suédoise révélée en robe noire dans l'eau de la fontaine de Trevi face à Marcello Mastroianni, est décédée, seule, dans la province de Rome, à 83 ans.
"Sa beauté de petite fille déesse était éblouissante. La couleur lunaire de la peau, le bleu clair glacé du regard, l'éclat doré des cheveux, l'exubérance, la joie de vivre, faisaient d'elle une créature grandiose, extraterrestre et en même temps émouvante, irrésistible", dira d'elle Fellini. La bombe suédoise Anita Ekberg, tombée dans l'oubli depuis plus d'une décennie, s'est éteinte dans une clinique à Rocca di Papa où elle était hospitalisée depuis Noël, non loin de la localité de Genzano, où elle a vécu pendant des années. Elle doit être incinérée et ses cendres, envoyées en Suède.
Kerstin Anita Marianne Ekberg, sixième de huit enfants, née le 29 septembre 1931 à Malmöe d'un père docker, se passionne pour la mode et se lance dans le mannequinat. Elue Miss Suède 1950, cette reine de beauté brigue aux Etats-Unis la couronne de Miss Univers (qui lui échappe de peu) et tape dans l'oeil John Wayne lui offre un premier rôle. Après cinq années à Hollywood, Anita Ekberg reçoit le Golden Globe 1955 du meilleur espoir féminin pour son rôle dans "L'allée sanglante" et joue notamment dans "Guerre et Paix" (1956, de King Vidor).
En 1960, la plantureuse Anita et son bain en bustier font chavirer "Il Maestro" et des millions de spectateurs. Palme d'or à Cannes pour son rôle torride dans "La Dolce Vita", cette blonde incendiaire dont Bob Hope pensait que les géniteurs "méritaient le Prix Nobel d'architecture" enchaîne les tournages en Italie où elle s'est installée. Mais sa carrière décline progressivement. Mariée à deux reprises (deux unions désastreuses): avec l'acteur britannique Anthony Steele (1956-1959) et l'acteur américain Rick Van Nutter (1963-1975), celle que l'on surnommait l'Iceberg noie ses désillusions dans l'alcool. A partir de 1970, ses apparitions à l'écran sont de plus en plus rares. En 1978, prise de conscience : Anita Ekberg perd 25 kg et tourne "Suora Omicidi" (La petite soeur du diable), inspiré de l'histoire réelle de soeur Godfrieda, une religieuse belge, arrêtée pour le meurtre d'une quarantaine de malades dans une clinique.
En 1987, Fellini lui fait jouer son propre rôle et retrouver Mastroianni dans "Intervista". Dernier sursaut. En 2011, la presse révèle qu'à 80 ans, après une cinquantaine de films, l'ancienne star demande une aide financière à la fondation Fellini. Sans famille, sans enfants, acculée à une chaise roulante (après une fracture du col du fémur), Anita Ekberg dépendait de l'aide sociale et résidait dans une maison de retraite communale après l'incendie de sa demeure par des cambrioleurs.
Au quotidien Il Corriere della Sera, elle disait se sentir "esseulée" mais sans regrets après avoir "aimé, pleuré, été folle de bonheur".
