Aure Atika, fille-mère et femme-enfant

Bimbo dans "La Vérité si je Mens", maîtresse femme dans "Les Hommes de l'Ombre", Aure Atika incarne avec talent une mère insouciante et lunaire dans le film "Papa Was Not A Rolling Stone". Rencontre avec une actrice radieuse, qui a un tempérament fort, un physique incendiaire et bien les pieds sur terre.

Aure Atika, fille-mère et femme-enfant

Dans "Papa was not a Rolling Stone", Sylvie Ohayon, devenue publicitaire de renom, raconte sa jeunesse à La Courneuve au début des années 80', entre les caïds précoces et un beau-père (Marc Lavoine) agressif. Dans ce film nostalgique et sans (trop de) clichés sur la Cité des 4000, Aure Atika joue la mère de l'héroïne, Micheline, tombée enceinte avant sa majorité lors d'un rapport bâclé sur la banquette d'une voiture... et qui ne cesse de reprocher à sa fille sa vie gâchée.
Inconstante, immature, tête à claques, mais aussi tellement attachante et émouvante, Aure Atika crève l'écran en mère juive qui aime son enfant, mais lui balance les pires horreurs et la délaisse parfois en rêvant qu'elle n'existe pas pour pouvoir s'épanouir autrement. Un rôle qui a une résonance particulière pour Aure Atika, 44 ans, qui s'est construite seule, élevée par une mère baba-cool dont elle se sentait responsable.

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Aure Atika dans "Papa Was Not A Rolling Stone", en salles le 8 octobre © Pathé/© Guy Ferrandis

Le Journal des Femmes : Comment décririez-vous votre éducation ?
Aure Atika : Sans tabou. Je suis une enfant du cinéma. Ma mère, marocaine, était réalisatrice. Une femme créative, cultivée. Féministe avant l'heure, elle a fait le choix de ne pas dépendre d'un homme... de ne pas s'arrêter de vivre pour me voir grandir non plus.

Une enfance heureuse ?
Je suis issue d'un milieu artistique, j'étais libre, parfois livrée à moi-même. Si de l'extérieur on me prenait pour Cosette, j'ai grandi dans une ambiance hippie, soixante-huitarde, avec seulement une religion de culture, de tradition et j'en ai gardé une ouverture d'esprit et des valeurs. J'étais inscrite à l'Ecole des Enfants du spectacle, j'y ai appris la danse indienne et les claquettes... notamment parce qu'il était inconcevable pour ma mère de se lever à 7 h du matin pour me conduire en cours !

Vous lui en voulez ?
A la maison, c'était chaotique, bordélique. J'ai reproché à ma mère de ne pas avoir su m'enseigner le bien du mal, mais cela m'a permis de me forger un destin en cherchant la reconnaissance ailleurs... J'ai passé très tôt des castings et fait mes armes à 9 ans devant la caméra (elle a joué dans le film de Jeanne Moreau, L'Adolescente, en 1979, ndlr), puis j'ai décroché la classe libre du Cours Florent, suivi des études de Droit, l'Ecole du Louvre...

De quoi êtes-vous la plus fière aujourd'hui ?
De mon instinct de survie. J'ai déjà perdu pied, cela m'a rendu positive. Il faut accepter ces moments pour se relever. J'aime mes défauts. Je doute. Je m'énerve trop vite. Je revendique le droit de ne pas savoir. Je travaille sur la confiance en moi, la légèreté.

Adolescente, quel était votre modèle ?
Très jeune, j'ai eu des formes, un corps avec des seins, des fesses et j'étais complexée. A 17 ans, j'ai vu Faster Pussycat ! Kill ! Kill !, de Russ Meyer. Ce film avec des bombasses ultra-féminines en moto qui en imposent aux mecs a été une révélation. La bagarreuse, ça allait être moi !

Un fantasme ?
Deux : Charlie Chaplin et Elvis Presley. Je demandais à ma mère pourquoi elle n'avait pas épousé ce rockeur si sexy...

Vous êtes svelte et élancée, vous surveillez votre ligne ?
Cuisiner, c'est une déclaration d'amour. Faire un régime, c'est avoir du respect pour soi-même. Je cours, je fais du yoga et je sais aussi partager de bons petits plats.

Quel est votre péché mignon ?
La glace au yaourt.

Que collectionnez-vous ?
Les amants, ça c'était avant, ne l'écrivait pas (elle rit). Je ne suis pas dans l'accumulation. J'aime l'esthétique, l'architecture, les beaux objets. Même si je suis habillée en Chloé, acheter une table basse stylisée me fera plus plaisir qu'une robe de couturier.

Avez-vous des gestes écolo ?
Je trie mes déchets, je coupe l'eau quand il faut, je mange bio. J'ai globalement un mode de consommation raisonné. J'ai une maison dans le Gers où la Parisienne que je suis parviens à profiter de la forêt, à apprécier le côté rustique des choses...

Quel mot aimez particulièrement entendre ?
"Maman"

Et prononcer ?
"Pitchipouille", le surnom de ma fille (Angelica, 12 ans, dont le papa est Philippe Zdar du groupe Cassius)

Vieillir, c'est...
Renoncer avec le sourire.

Enfin, qu'aimeriez-vous que je dise de vous ?
Tout ce que je ne sais pas...

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Aure Atika dans "Papa Was Not A Rolling Stone", en salles le 8 octobre © Pathé/© Guy Ferrandis