Dalida aurait eu 80 ans cette année

Née au Caire le 17 janvier 1933, Dalida aurait fêté cette année ses 80 ans... En dépression profonde après avoir traversé de nombreux drames personnels, elle s'est suicidée, le 3 mai 1987, dans l'isolement du magnifique hôtel particulier qu'elle habitait rue d'Orchampt. Flashback.

Toute sa vie, Dalida fut partagée entre des désirs contradictoires : des amours malheureuses, et une gloire artistique, où elle donnait le change, incarnant avec aplomb une certaine futilité, parée de paillettes.
Italienne d'origine calabraise, Iolanda Cristina Gigliotti voit le jour en Egypte. Son père est premier violon à l'Opéra; sa mère, couturière, élève ses 3 enfants. A l'âge de 3 ans, la gamine est victime d'une inflammation de l'œil. Elle doit garder un bandeau pendant quarante jours. Au sortir du supplice, elle louche. Dans le quartier métissé de Choubra, on la surnomme "Quat'zieux".
A 21 ans, Dalida arrive à Paris avec une couronne de Miss, un "Itsi bitsi petit bikini" et un strabisme déjà opéré deux fois. Brune incendiaire à la voix suave et au déhanché sulfureux, elle est vite repérée par les manitous de l'époque : Bruno Coquatrix, le patron de l'Olympia, le producteur Eddie Barclay, et Lucien Morisse, directeur des programmes d'Europe n°1, qui en fait sa muse, l'épouse, et l'élève au rang d'icône... blonde. Une beauté aux yeux de braise, à la chevelure de soie et au charme envoûtant. "Bambino", une adaptation réalisée en 24 heures d'un succès italien du moment, est le premier d'une longue série de tubes : "Gondolier", "Come prima", "Les enfants du Pirée", "Darla Dirladada", "J'attendrai", "Ciao Amore, Ciao", Paroles, paroles", "Gigi l'amoroso" (1974), "Il venait d'avoir 18 ans" (1975), "Monday, Tuesday, laissez-moi danser" (1979)...
Dalida ne connaît pas les affres du showbiz, mais sa vie sentimentale est tumultueuse. L'ambitieux jeune premier Alain Delon, le sombre compositeur Luigi Tenco, le discret Christian de La Mazière, le philosophe bouddhiste Arnaud Desjardins, le président François Mitterrand (surnommé "Mimi l'Amoroso"), l'inspiré Richard Chanfray "comte de Saint-Germain", ou le médecin François Naudy... tous les hommes pour lesquels elle se passionne sont indisponibles, mariés, tourmentés, ou alors ils ne le sont pas assez, et la lassent, vite. Trois se tuent. "Je porte malheur à ceux que j'aime", déplore-t-elle. Obscur destin.

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Dalida dans une robe que Christian Dior a dessiné pour elle, le 1er novembre 1984. © UNIMEDIA/SIPA

Dalida semble maudite. Dans chaque romance, elle se jette à corps perdu, et souffre. Son décès survient alors qu'elle semblait toucher son but. Quelques semaines à peine auparavant, elle avait été saluée pour sa prestation dans "Le 6e jour", du réalisateur égyptien Youssef Chahine, une consécration de la part des intellectuels qui avaient toujours regardé de haut celle qui fut "Miss Ondine" en 1954.
Elle voulait mourir sur scène, elle a mis fin à ses jours en avalant des barbituriques.
Figure emblématique de la Variété, star adulée qui a enregistré plus de 2 000 chansons en dix langues et vendu 140 millions de disques, Dalida continue d'être vénérée par un public qui vient se recueillir sur sa tombe à Paris au cimetière de Montmartre, non loin d'une place qui porte son nom. Salma Ya Salama...