Soeurs : une relation passionnelle Sabrina : "Ma soeur est devenue ma meilleure amie"

Pouvez-vous nous décrire votre relation votre sœur ?
J'ai une sœur cadette. Seuls 18 mois nous séparent. J'ai boudé ma mère durant un mois à son retour de l'accouchement de ma sœur. Petites, nous nous disputions sans arrêt pour tout et pour rien : un jouet, un programme télé, un livre et même pour les genoux de nos parents ! Je ne me souviens pas d'un jour où nous jouions sans que cela finisse en dispute et bagarre. Pour autant, nous étions inséparables : elle me suivait partout et je gardais toujours un œil sur elle. Nous avons été scolarisées dans les mêmes établissements scolaires. Elle venait donc se refugier auprès de moi si quelqu'un l'embêtait. J'avais pour mission de la surveiller. C'était mon rôle d'aînée.

sabrina et sa soeur
Sabrina et sa soeur © DR

Et à l'adolescence ?
A l'adolescence, nos rapports ont beaucoup changé. Nous avons continué à nous crêper le chignon jusqu'à nos 15 et 13 ans environ. Mais à cet âge, 18 mois peuvent faire apparaître de vraies différences : l'âge des premières amours ne coïncide plus avec le temps des poupées... Elle a mis du temps à comprendre qu'elle avait de très nombreuses qualités qui lui étaient propres et que je l'aimais aussi pour ses différences. Nos chemins se sont séparés à cette période. Puis, nous avons commencé à devenir amies en plus de nos liens de sang. Et bizarrement, elle est devenue ma confidente et ma protectrice. Cet âge impose qu'on se rapproche aussi pour faire corps contre les parents. Une fratrie se construit aussi ainsi.

Comment votre relation a-t-elle évoluée ?
Nous sommes devenues de vraies amies. Elle m'a suivie toute ma vie. Nous avons des racines communes, des regards très différents, mais nous nous soutenons à chaque étape de nos vies. On partage les bons et les mauvais moments. Qui peut mieux se permettre de tout nous dire qu'une sœur ? Heureusement, les liens du sang sont forts.

"C'est compliqué de trouver sa place dans une fratrie et de laisser l'autre être tel qu'il est"

Comment avez-vous construit votre vie par rapport à elle ?
Je l'ai beaucoup protégée lorsque nous étions enfants et adolescentes. J'étais la grande sœur sur qui elle comptait toujours pour résoudre ses problèmes, celle qui apportait les solutions et dont on espérait beaucoup, trop parfois. Jusqu'au jour où ma priorité a été ma vie et plus celle de ma famille. Cela a été une transition difficile pour moi et pour elle.

Est-ce dur quand on est l'aînée d'accepter sa sœur ?
Oui, elle m'admirait et voulait être comme moi. J'ai mis du temps à comprendre que je devais lui laisser la place d'exister dans ma vie et l'encourager à être ce qu'elle est. Nous avons eu des parcours très différents. Ma petite sœur est devenue une femme, bien différente de moi mais nos valeurs sont restées les mêmes et nous nous sommes toujours épaulées avec l'aide du discours rassembleur de nos parents.

Et aujourd'hui ?
C'est compliqué de trouver sa place dans une fratrie et de laisser l'autre être tel qu'il est : cela demande d'accepter nos ressemblances et surtout nos différences. Enfant ou adolescent, c'est un difficile travail sur soi. Mais nous y sommes parvenues, et je crois que c'est ce qui a rendu nos liens si solides. Aujourd'hui, elle est ma meilleure amie, nos différences d'âge ne se voient plus et nous nous accompagnons dans nos vies avec un seul souhait : que cela dure et se transmette à nos enfants.

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