Comment accompagner un enfant doué (1)?

Une fois le diagnostic "d'enfant doué" posé, les parents se sentent parfois un peu perdus...

Quand les parents, soucieux du bonheur et du bien-être de leur enfant se décident à lui faire passer un test, ils ne se sentent pas très rassurés. Ils ont fini par suivre les conseils, mais ils craignent d’apprendre que leur enfant, qui ne leur semblait pourtant pas présenter de caractéristiques tellement particulières, se classe dans la catégorie dite « sur doué », « doué » ou « précoce » selon la terminologie utilisée pour désigner ces enfants. On s’étonnait bien parfois de quelques-unes de ces réactions mais cet enfant ne semblait pas spécialement brillant aux yeux de ses parents, qui le trouvaient « normal », sans plus.  Pourtant, ne voulant pas « passer à côté de quelque chose » ils ont fini par céder pour faire pratiquer ce fameux test, source de bien des fantasmes, nous y reviendrons dans une autre chronique. 

Passé un très bref soulagement à l’écoute des résultats, « tout va bien, s’agissant de ses capacités intellectuelles, il se situe dans les 2% supérieurs de la population et c’est plutôt une bonne nouvelle» les parents de cet enfant qui se révèle finalement plus problématique qu’il n’y paraissait, commencent à s’inquiéter sérieusement. La psychologue a bien donné quelques conseils, elle a suggéré un saut de classe, mais, au quotidien, ils se sentent complètement démunis.  Les quelques manifestations surprenantes qui les avaient déjà déroutés prennent une proportion incroyablement envahissante tant ils craignent de mal faire, d’abîmer un enfant qui ne ressemble pas aux autres et de ne pas remplir assez bien leur rôle de parents.

Ils ont même l’impression d’avoir tout oublié des préceptes acquis au fil des âges dans les traditions familiales : ils ont un enfant différent, les lois générales ne lui conviennent peut-être pas.

Pour trouver, tout à la fois, des guides et du réconfort, ils plongent dans la littérature appropriée  un peu plus riche chaque jour, ils adhérent aux associations qui savent les écouter, mais ils se sentent aussi un peu dépouillés de leur rôle de parents puisque des étrangers sauraient mieux qu’eux comment il convient d’agir.

La littérature spécialisée comporte des passages inquiétants, de ceux qu’on a d’ailleurs tendance à lire de préférence pour ensuite s’efforcer de les effacer de sa mémoire. On y trouve un portrait affligeant, plus teinté d’un triste gris que brillant de tout l’éclat du trésor dont ils vont prendre soin. Les réactions de l’entourage sont plus alarmantes encore, puisque parfois imprégnées d’un soupçon de jalousie « ce sont des enfants difficiles à contenter, ils ne trouvent pas leur place, ils sont malheureux ou, pire encore, complètement désadaptés… »

En réalité, il est bien préférable d’écouter son instinct : même si les parents ne veulent pas le savoir, ou bien n’y songent même pas, ils ont eux-mêmes été des enfants doués, il suffit de plonger sans réticence dans ses souvenirs, de ramener à la mémoire des réactions oubliées, des souffrances enfouies et aussi les moments de bonheur absolu quand ils ont découvert la véritable amitié avec un semblable, quand un professeur leur a ouvert des horizons jusque-là insoupçonnés dans son domaine de prédilection, quand ils ont pu admirer des merveilles, des créations artistiques émouvantes de perfection, des paysages incroyablement somptueux, et la complicité établie avec leurs parents quand ils partageaient la même émotion.

S’ils n’ont pas connu cette complicité, ils savent qu’ils peuvent l’offrir à leur enfant et connaître enfin ce doux sentiment, en hommage à l’enfant, parfois incompris, qu’ils ont été.

Bien entendu, il n’est pas question d’établir une similitude terme à terme, on a pu rêver de jouer du piano alors que son fils préfère le basket, ou la peinture, l’époque n’est pas la même et les parents doivent se garder de s’identifier à leurs propres parents ou se projeter complètement dans leurs enfants.

Le plaisir de guider des enfants doués sur les chemins conduisant à la découverte de tout ce qui constitue l’univers est inégalable, on alimente leur curiosité d’esprit, leur sens artistique, leur imaginaire avec la littérature, le théâtre et la poésie : les enfants doués sont souvent des poètes nés, ils aiment les mots, le rythme et les belles images…l’initiation à la beauté sous toutes ses formes, lorsqu’elle dépasse le terre à terre et constitue une voie vers des notions plus spirituelles, fournit aux enfants des moyens de se récupérer plus tard au cas où ils seraient blessés par un choc entamant leur sensibilité si vive. Elle leur permet de trouver plus facilement la force qui caractérise les personnes douées, mais qu’elles ne savent pas toujours posséder.

Puiser dans ses souvenirs en se gardant de toute identification trop massive et trop peu réfléchie, se fier à son instinct, ne pas hésiter à partager des émotions esthétiques, et aussi  manier l’humour qui dédramatise bien des situations : voilà comment se faire plaisir à soi-même pour le plus grand bonheur de son enfant.

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