La Danseuse, L'Etoile du Jour... les sorties ciné du mercredi 28 septembre

CINEMA - Que voir cette semaine au cinéma ? Le Journal des Femmes vous livre ses coups de coeur et vous conseille parmi les sorties du mercredi 28 septembre. Suivez le guide !

La Danseuse, L'Etoile du Jour... les sorties ciné du mercredi 28 septembre
© Wild Bunch Distribution

On ne parle que du film depuis sa présentation au Festival de Cannes. La Danseuse sort enfin dans nos salles mercredi 28 septembre. Dans ce drame intense et sensuel, Lily-Rose Depp et Soko irradient. Autres comédiens, autre style : dans L'Etoile du Jour, Béatrice Dalle, Iggy Pop et Denis Lavant expriment toute leur excentricité pour notre plus grand plaisir. Et comme on est sympa, on vous offre aussi une séance de rattrapage avec les sorties des dernières semaines, toujours en salles.

© Wild Bunch Distribution

Avec La Danseuse, Stéphanie Di Giusto nous embarque dans un tourbillon de soie destructeur et poétique, dans lequel Lily-Rose Depp et Soko nous font chavirer. On a aimé : la présence de Soko et le magnétisme de Lily-Rose Depp,  le regard de Gaspard Ulliel, la leçon de persévérance, de rigueur, de passion, le jeu de séduction sensuel entre deux révélations, les drapés de soie comme une caresse lumineuse, les plans raffinés de Stéphanie Di Giusto, les chorégraphies haletantes, la musique vertigineuse.

La Danseuse, réalisé par Stéphanie Di Giusto, avec Soko, Lily-Rose Depp, Gaspard Ulliel. 1h52.

© Wide

Un cirque itinérant est échoué sur une plage de la Côte d'Opale… Entre magie et monstruosité, les artistes de la troupe dansent, ensorcellent, partagent leurs rêves et leurs illusions… dévoilent leur réelle nature et leurs sentiments les plus obscurs...Iggy Pop en puissance céleste, Béatrice Dalle qui joue la gitane fatale, Denis Lavant tendre clown amoureux  et Natacha Régnier dans le rôle d'une Ballerine du désir font de conte signé Sophie Blondy, une folie douce, pleine d'onirisme et de poésie. Tous sous le chapiteau ! J.B

L'Etoile du Jour, un drame réalisé par Sophie Blondy, avec aussi Tchéky Karyo et Bruno Putzulu, 1h39

Toujours en salles : 

© Diaphana Distribution

Le talentueux Québécois de 27 ans revient pour renverser le monde. Deux ans après Mommy, Xavier Dolan pose sa caméra dans une famille saturée pour un film apocalyptique, beau, puissant et drôle qui lui a valu le Grand Prix à Cannes. Dans Juste la Fin du Monde, on a aimé : le cadrage si perfectionné de Xavier Dolan, les regards entendus entre Gaspard Ulliel et Marion Cotillard, les regards de Gaspard Ulliel tout court, les dialogues, les mots qui saturent, les silences, la lumière caniculaire, les accès de colère de Vincent Cassel, l'hystérie de Nathalie Baye, la larme qui roule sur notre joue. O-zone (oui, oui).

Juste la Fin du Monde, réalisé par Xavier Dolan, avec Gaspard Ulliel, Marion Cotillard, Vincent Cassel, Léa Seydoux... 1h35. 

© Pathé Distribution

Cézanne et Moi, ce sont deux grands Guillaume qui interprètent la relation entre deux grands artistes : l'amitié passionnelle et peu connue de Paul Cézanne et Emile Zola, complices depuis leur plus tendre enfance à Aix-en-Provence. Le film de Danièle Thompson raconte leur montée à Paris dans le Montmartre au début du XXe siècle et leurs histoires d'amour. Guillaume Gallienne, de la Comédie-Française, interprète avec émotion le peintre torturé : sa difficulté à s'adapter à la société, au monde des artistes, sa rivalité avec Manet et ses tracas pour se trouver lui-même. Un jeu presque surfait, mais efficace. De son côté, Guillaume Canet sort de ses personnages habituels avec cet écrivain talentueux qui sombre dans ses écrits. Quelques regards calmes et profonds suffisent à nous convaincre. On apprécie découvrir cette "Oeuvre" et ces personnages contrastés dans le décor ensoleillé du parc naturel du Lubéron. Un film sensible, lumineux et bouleversant, plus proche d'une pièce de théâtre que d'une super-production.

Cézanne et Moi, réalisé par Danièle Thompson, avec Guillaume Gallienne, Guillaume Canet, Alice Pol, Sabine Azéma... 1h54.

© Universal Pictures International France

Après CoralineL'Etrange Pouvoir de Norman et Les Boxtrolls, les tout jeunes studios Laika reviennent avec un nouveau film d'animation : Kubo et l'Armure Magique. Dans cette fantastique épopée, Kubo doit sauver sa famille et son village du courroux d'un esprit malfaisant. Travis Knight signe un film servi par un dessin enchanteur, une mythologie riche et travaillée et un message fort sur l'importance de la famille. Magique !

 Kubo et l'Armure Magique, réalisé par Travis Knight, avec les voix de Charlize Theron, Rooney Mara, Matthew McConaughey, Ralph Fiennes... 1h42. 

Retrouvez ici notre interview du réalisateur, Travis Knight. 

© Rezo Films

Audrey Estrougo qui revendique "une démarche assez similaire à Ken Loach, dont le cinéma détruit les schémas, pointe du doigt les systèmes", livre avec La Taularde un film complexe, dense et épuré, proche de la réalité de nos centres pénitentiaires, ceux-là mêmes où les prison­niers se donnent la mort, au rythme d'un suicide tous les trois jours. Sans complaisance dans la noirceur, en se penchant sur les "taulardes" comme sur les surveillantes, elle filme avec maestria la dureté de la détention. Elle offre au spec­ta­teur une claque tout en grâce à coups de plans fixes et serrés, de lumières crues et glauques, de sons stridents et grinçants.
Son héroïne, gueule d'ange dans l'enfer des geôles, évolue parmi les bandes de filles, entre violence, trahisons et problèmes identitaires. L'histoire de Mathilde, sublime Sophie Marceau, c'est celle d'une femme, qui, par amour, s'adapte avec psychologie et émotion à l'enfermement de la cellule et navigue entre jeux d'influence et conflits commu­nau­taires, trafics de racailles et magouilles de matonnes. Mathilde s'est sacrifiée pour permettre à l'homme de sa vie de s'évader. C'est ce mouve­ment vers l'affran­chis­se­ment que sublime la cinéaste.
Drame carcéral qui oscille entre réalité et fiction, La Taularde n'a pas de vérité à décré­ter, pas de morale poli­tique à propo­ser, mais elle pose un regard acéré sur l'huma­nité. L'opus confirme la malice d'une réalisatrice qui, loin de céder à la tenta­tion des séries "à l'améri­caine", étaye une œuvre noire, sociale et esthé­tique. Cet itiné­raire d'une Taularde, est digne d'Un Prophète d'Audiard.

La Taularde, réalisé par Audrey Estrougo, avec Sophie Marceau, Suzanne Clément, Anne Le Ny... 1h40. 

© La Belle Company

Toril retrace le combat de Philippe, déterminé à aider son père, agriculteur étranglé par les dettes. Pour sauver l'exploitation familiale, il s'associe à un trafiquant et se retrouve au coeur du plus gros réseau de stupéfiants de la région. Laurent Teyssier signe un premier long-métrage coup de poing, un grand film noir où la bestialité des hommes répond à la violence des taureaux, dont les silhouettes massives, majestueuses et musculeuses, sont filmées au plus près. Cette manière de montrer les corps, ce rapport à la terre évoquent une lointaine filiation avec Bullhead, de Michael R. Roskam, sorti en 2012. Matthias Schoenaerts y crevait l'écran. Dans Toril, c'est Vincent Rottiers qui réussit cet exploit. L'acteur livre une superbe prestation, émouvante et intense, animale et profondément humaine. On lui met un grand bovin sur 20 !

Toril, réalisé par Laurent Teyssier, avec Vincent Rottiers, Bernard Blancan, Karim Leklou... 1h23.

© Diaphana Distribution

Voir Du Pays… et découvrir une station balnéaire où l'Armée offre un "sas de décompression" à ses soldats revenus d'Opex. Quel étrange concept que de voir replonger dans une réalité douce voire aseptisée ceux qui étaient prêts à mourir pour la France… Parmi les jeunes militaires qui débarquent en treillis dans la piscine du palace, deux femmes puissantes, captivantes : la raisonnable Aurore (Ariane Labed) et l'insaisissable Marine (Soko). Autour d'elles une troupe de mecs, bagarreurs, des petites frappes, des chiens fous qui ont connu l'ennui, des copains aussi, tous cadrés au plus près, la caméra collée jusqu'aux pores de la peau, jusqu'aux pupilles dilatées par l'alcool, par la haine…

Dans le film, c'est Chypre qui sera le révélateur d'une dichotomie entre l'horreur de la guerre et l'injonction de divertissement dans les clubs de vacances. C'est cette île partagée entre la Grèce et la Turquie, ce haut-lieu touristique et héritier de la tradition antique qui incarnera l'ambivalence entre la volonté d'oublier la violence et celle de l'exprimer. Comment, lorsqu'on a été force de combat, profiter du luxe, de la douceur d'une alcôve, de l'insouciance des soirées ? Comment, après avoir engrangé autant d'images traumatiques, de stress, de désillusions, ne pas manifester de comportements contradictoires, brutaux, destructeurs ? Sous l'ivresse des cocktails, des danses lascives, de la musique techno, les corps seront malmenés. Et les femmes, les premières cibles, les premières victimes de cet impossible retour à la vie quotidienne. Audacieux, original, contrasté, ce drame réalisé avec minutie et passion par les sœurs Coulin nous met sous-tension et nous embrase. J.B 

Voir Du Pays, réalisé par Delphine et Muriel Coulin, avec Soko et Ariane Labed, 1h42

Bonne semaine ciné !