Qui est vraiment Marion Maréchal-Le Pen, la nouvelle star du FN ?

Élue à Carpentras, dans la 3e circonscription du Vaucluse, avec 42% des voix, la frontiste Marion Maréchal-Le Pen, 22 ans, devient la plus jeune députée de l'histoire de la Ve République. Divine, mais dangereuse...

Après quinze ans d'absence, le FN fait son retour sur les bancs de l'Assemblée. "C'est un énorme succès", s'est réjouie la présidente du parti, Marine Le Pen, alors qu'elle connaît un revers cinglant face au socialiste Philippe Kemel. Elle y croyait, à son fief nordiste. Marine et ses gars ont échoué dans la circonscription d'Hénin-Beaumont (11e, Pas-de-Calais).

Courte peine

Pourtant, Jean-Marie Le Pen a le sourire : si ce n'est sa fille, c'est donc sa petite-fille qui reprend le flambeau  et l'emplit de fierté. Le président d'honneur du parti, lui-même benjamin du Palais Bourbon en 1956 lorsqu'il était élu député poujadiste à 27 ans, faisait hier soir le déplacement en Paca pour célébrer cette victoire symbolique et oublier la défaite de sa cadette. "Si nos élites daignaient nous écouter, elles mesureraient tout ce dont nous sommes capables, notre lucidité, notre idéal (...) Je suis heureuse d'être la porte-parole de cette jeunesse française qui sera demain le fer de lance de la nouvelle espérance incarnée par le Front national", a déclaré Marion Maréchal-Le Pen après son élection.

Généalogie

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Marion Maréchal-Le Pen © http://www.frontnational.com/

Marion Maréchal-Le Pen est la nièce de Marine et la fille de Yann Le Pen qui a été mariée avec Samuel Maréchal, ancien président du FNJ (Front national de la jeunesse). Domiciliée à Saint-Cloud, l'étudiante en Master de Droit public à Assas (Paris-II) avait été missionnée par son aïeul "afin de laver l'affront de l'affaire de Carpentras", où des militants FN avaient été pointés du doigt après la profanation de tombes juives en 1990.

Etoile montante

"Il est grand temps que les Vauclusiens obtiennent enfin le député auquel ils ont droit, à savoir un vrai député d'opposition comparé à la droite molle", avait lancé dimanche dernier cette jolie poupée aux dents (longues et) blanches. Pourtant, Marion Le Pen, qui en est à sa 3e campagne électorale, n'a pas toujours été à l'aise devant les caméras. Perdue, décontenancée, elle s'était même littéralement effondrée, alors que, candidate aux élections régionales dans les Yvelines, elle devait s'exprimer sur l'aspect social de son programme. Sur ce point, elle a progressé.

Rebelle

"Du fait du nom que je porte, j'ai le devoir de montrer l'exemple, mais je ne suis pas coachée par ma famille, je ne suis pas la marionnette de mon grand-père", se défend-t-elle. Cheftaine policée, apprêtée, plus féminine et solaire que Marine, la jeune pousse du FN a même failli pactiser avec l'ennemi intime. "C'est vrai que le personnage Sarkozy m'a intriguée au départ", a-t-elle avoué sur Radio Courtoisie.
Comme sa tante, elle a la blondeur, la douceur apparente et le sens de la repartie. Plus lisse (aseptisée ?), plus polie (obséquieuse ?) et branchée (on ne peut lui retirer), Marion cherche à donner une image moderne au Front National. En revendiquant des amitiés "avec des communistes", en reconnaissant avoir "songé à adhérer à l'UMP", et en assouplissant certaines positions (elle est contre la peine de mort), cette lolita accentue le processus de "dé-diabolisation".

Sexy et girly

Plus tempérée, plus à l'écoute, moins agressive, Marion résume ainsi sa marque de fabrique : "à génération différente, style différent". Sa manière faussement naïve de défendre les idées traditionnelles semble séduire les citoyens en mal de repères.
Mais ne vous y trompez pas. Derrière ses airs angéliques, sa rhétorique juvénile et son charmant minois, la cabotine répète un discours tout sécuritaire et fait de la lutte contre l'immigration, sa priorité. "C'est une jeune femme de bonne race", l'avait soutenue Jean-Marie Le Pen le mois dernier.

Pâle icône

Faussement désinvolte, surtout désireuse de protéger "l'identité française", Marion Maréchal-Le Pen marche dans les pas de son patriarche, sans réussir à s'imposer. Dans l'Hémicycle, à côté d'une belle pépée sans charisme ni expérience, il y a fort à parier que c'est l'avocat hypermédiatique et "casse-couille démocratique" autoproclamé, maître Gilbert Collard, député de la 3e circonscription du Gard qui incarnera l'extrême droite.


"Marion Maréchal-Le Pen: héritière du FN, plus jeune députée"