Municipales 2014 : NKM, défaite mais toujours battante

Le combat fut rude. Battue par l'équipe d'Anne Hidalgo, Nathalie Kosciusko-Morizet a adressé hier soir un grand "Merci aux Parisiens" et assumé sa défaite sans amertume.

Adieu le chignon (à peu près) rangé de ses années ministérielles, bonjour la crinière au vent. Adieu, les jupes et la mise (relativement) classique, bonjour le noir c'est noir, l'allure rock et les blousons de cuir. Adieu l'allure sage, bonjour la clope au bec, à la faveur d'un déplacement auprès des sans-abris (ce qui lui vaudra de sévères critiques).  Taclée pour cette mise en scène de la modernité , Nathalie Kosciusko-Morizet a mené une campagne décoiffée et décoiffante, rajeunie, en tentant de séduire écolos et bobos parisiens, au risque de perdre en route ses traditionnels électeurs de l'UMP. Et elle a raté son objectif: NKM a perdu la bataille. Elle n'a obtenu que 44,06% des voix parisiennes, contre 53,34% pour sa concurrente socialiste. Et elle a été battue dans le XIVème arrondissement de Paris, où elle se présentait comme tête de liste, par Carine Petit (PS). 

Paris était dur à prendre à la gauche. Très dur. Mais elle s'est accrochée à cette campagne, avec une rage certaine de vaincre. Celle qui est toujours députée de l'Essonne, dans son fief de Longjumeau, a encaissé l'indiscipline de la droite parisienne, les dissidences, les dissensions en rendant coup pour coup, y compris dans son propre camp. Et dieu sait qu'elle n'a pas été ménagée.
En voulant mettre fin à la dynastie Tiberi dans le Vème arrondissement, elle s'est fait un ennemi du fils, Dominique (même si la réconciliation est intervenue entre les deux tours). En n'accordant pas la place qu'il revendiquait, elle a vu Charles Beigbeder monter une liste dissidente dans le 8ème arrondissement, " Paris libéré ", et tenter de rassembler tous les déçus qui ne se voyaient pas octroyer la place espérée. En imposant l'union avec le Modem, en rajeunissant les têtes de liste, NKM n'a pas fait le choix le plus facile.
"J'ai l'esprit de résistance ", clamait-elle dans une interview accordée au Figaro, alors que les caciques parisiens semblaient n'avoir d'autre enjeu que de lui mettre des bâtons dans les roues.

Et de fait, elle a résisté. Polytechnicienne, NKM a fait son service militaire dans la Marine nationale: elle en a vu d'autres. Secrétaire d'Etat à l'Ecologie en 2007, secrétaire générale adjointe de l'UMP en 2008, en charge du développement numérique en 2009, et nommée à la tête d'un ministère mammouth en 2010 (l'Ecologie, les transports, le Logement, le développement durable), elle avance à toute vitesse, avec un immense appétit. Porte-parole de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2012, l'ambitieuse sait aussi faire entendre sa différence : les dérives droitières de Patrick Buisson, le conseiller du Chef de l'Etat, ce n'est pas sa tasse de thé. Elle l'a dit et fait savoir.

A tout juste 40 ans, NKM n'est pas encore un crocodile, mais elle a de sacrées quenottes. Et si elle n'a pas réussi à remporter la Capitale, elle est devenue l'adversaire numéro 1 d'Anne Hidalgo. Prendra-t-elle pour autant le rôle de chef de file de l'opposition municipale ?