Mondial 2014 au Brésil : soleil, foot et misère

La Coupe du monde 2014 débute jeudi 12 juin à Sao Paulo par le match Brésil-Croatie. Malgré l'enthousiasme qui touche les fans de foot du monde entier, la fête est entachée par la situation du pays. Zoom sur un événement sportif qui se joue sur fond de misère sociale.

Souvent, le Brésil évoque la plage, les soirées, les filles en bikinis, les hommes musclés et bien sûr le football. En ces temps de ferveur sportive, on aurait tendance à oublier ce qui se cache sous ces clichés : un pays en proie à un climat social très tendu.
Les Brésiliens s'accordent presque tous sur un point : il y avait "d'autres priorités" que la Coupe du monde, même s'ils se sont un temps laissés emportés par la joie lorsque leur pays s'est vu désigné par la Fifa en 2007. Remis de leurs émotions, ils auraient préféré que l'argent dépensé soit utilisé pour les services publics, les écoles, les hôpitaux et une vie quotidienne sans criminalité. Des manifestations sont même prévues le jour du coup d'envoi dans sept grandes villes du seul pays à n'avoir jamais manqué une édition du Mondial.
Dans le journal Libération, on pouvait ainsi lire le témoignage parlant de Juliana, native du pays : "Au début, comme tous les Brésiliens, j'étais contente à l'idée de recevoir 'la Copa', mais au fil des mois, les choses ont changé. En fait, la Coupe du monde paraît plus belle dans les autres pays." Aldo Rebelo, ministre des Sports brésilien, avait lui-même confié : "La seule chose qui ne souffre pas de retard au Brésil, ce sont les matches de football.

Sur le banc des accusés, deux coupables : la Fifa et l'Etat. Dilma Rousseff, la présidente de la République fédérative du Brésil, s'est récemment fendue d'une allocution télévisée (évitant le discours en chair et en os "par crainte d'être huée" selon la presse locale), dans le but de contrer les "pessimistes" et de mettre fin aux dépenses faramineuses engagées. "La compétition ne dure qu'un mois, mais ses bénéfices restent pour toujours", a-t-elle déclaré. En fait, la quatrième femme la plus puissante du monde - selon le célèbre classement 2014 du magazine Forbes - joue sa réélection sur le succès du Mondial et tente de faire face à une baisse dans les sondages en réclamant à son peuple de "l'allégresse" et de la "civilité". "Le foot n'est pas seulement un jeu, c'est devenu une entreprise qui pèse plusieurs milliards de dollars et génère parfois des controverses et des situations compliquées" a lancé Sepp Blatter, président de la Fifa, mercredi 10 juin.

Dimanche 8 juin, un match a été organisé par le Comite Popular de Copa e Plimpiadas (l'un des principaux mouvements de contestation à Santo Cristo, une favela de Rio), en présence de Daniel Cohn-Bendit. Un président du comité en a profité pour dénoncer : "Le vrai foot brésilien, celui qui est populaire, celui qui se rapproche de l'art, c'est le foot qui se joue dans les favelas, pas celui de la Coupe du monde, pas celui des grandes marques."
Une sombre réalité qui n'aurait certainement pas plu à Jules Rimet, le fondateur de la compétition, lancée pour la première fois en 1930. Ce Français passionné était  en effet persuadé que le sport était capable de dépasser les barrières sociales et culturelles et de donner sa chance à chacun.

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Mondial 2014 au Brésil : soleil, foot et misère  © Fotolia