Joyce Banda, une femme de poigne à la tête du Malawi

À 61 ans, Joyce Banda est la nouvelle présidente du Malawi et la première femme à exercer la magistrature suprême en Afrique australe. Une avancée qui ne doit pas faire oublier les grands défis qu'elle doit relever.

Tonnerre d'applaudissements

L'opposante et vice-présidente Joyce Banda a été investie samedi et a immédiatement appelé à l'unité et à la réconciliation, quelques heures après l'annonce de la mort de Bingu wa Mutharika, 78 ans, dont la fin du règne était devenue synonyme de dérives autocratiques et de débâcle économique. Le dirigeant controversé s'était effondré jeudi au palais présidentiel, victime d'un infarctus, et avait été transporté inconscient à l'hôpital central de la capitale, Lilongwe.

"Je veux que nous nous tournions tous vers l'avenir avec espoir et un esprit d'unité. J'espère sincèrement qu'il n'y a pas de place pour la revanche", a déclaré Mme Banda, que les partisans du dirigeant défunt auraient aimé empêcher d'accéder au pouvoir.

Une transition pacifique

L'arrivée sans heurts de cette solide et joviale Malawite a été saluée comme une avancée démocratique. "Nous pouvons maintenant (...) nous concentrer sur la tâche immense de guérison et de réparation de l'indéniable chaos dans lequel est enferré notre pays", a souligné le quotidien The Nation.

malawiint
Investiture de Joyce Banda à la tête du Malawi. © AFP vidéo

Deuxième femme chef d'Etat sur le continent après la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf, Joyce Banda, 61 ans, sera chef de l'Etat jusqu'aux prochaines élections, prévues en 2014.

Née le 12 avril 1950 à Zomba, fille d'un musicien de la fanfare de la police, Joyce Banda a d'abord exercé la profession de secrétaire. Après un premier mariage malheureux avec un homme qui la battait, elle s'est fait connaître à la fin de la dictature d'Hastings Kamuzu Banda -un homonyme-, au début des années 1990, en lançant un programme pour l'émancipation des femmes, voyageant à travers le pays pour promouvoir l'Association nationale des femmes d'affaires du Malawi, qu'elle a cofondée. Elle a aussi créé la Fondation Joyce Banda, pour l'éducation des filles.

Femme de caractère

Joyce Banda s'est lancée en politique en 1999, remportant un siège de député pour le Front démocratique uni (UDF) du président Bakili Muluzi.

Elle est ensuite devenue ministre de l'Egalité des sexes. Elle a été réélue en 2004, et le président Bingu wa Mutharika en a fait sa ministre des Affaires étrangères. C'est pendant son passage à ce poste que le Malawi a rompu ses liens avec Taïwan pour se rapprocher de la Chine continentale, une alliance jugée plus profitable pour l'économie malawite.

Le président Mutharika l'a choisie pour se présenter avec lui, comme vice-présidente, aux élections de 2009, que le tandem a remportées avec 66% des voix. Mais les deux partenaires se sont brouillés à la fin de l'année suivante. Joyce Banda a été exclue du Parti démocratique progressiste car elle contestait l'intention du leader de désigner son propre frère, Peter, comme successeur. Accusant Bingu wa Mutharika de vouloir créer une dynastie, elle est devenue une virulente critique du pouvoir. Bingu wa Mutharika a en conséquence tenté d'obtenir de la Cour suprême sa destitution de son poste de vice-présidente, en vain.

 

Un modèle d'équilibre

L'opposante farouche, qui reste une référence pour son combat féministe dans une société dominée par les hommes, a alors fondé le Parti populaire. Quand bien même elle ne dispose d'aucune majorité pour l'instant, ni même d'une base au Parlement, Joyce Banda est très populaire. Elle est l'épouse de Richard Banda, un magistrat à la retraite qui fut le premier président noir de la Cour suprême du pays après avoir connu la gloire comme capitaine de l'équipe nationale de football. Il était alors surnommé "Shoeshine" (cirage). Sa soeur, Anjimile Oponya, était chargée de conduire le projet d'école que menait au Malawi la chanteuse américaine Madonna, avant que cette dernière ne change de stratégie et licencie l'équipe qui en avait la charge.

"Joyce Banda, présidente du Malawi"

Lire aussi:

Le Journal des Femmes s'engage avec PLAN pour les droits des filles