"Dhaba kids", un projet pour les enfants indiens

Le Journal des Femmes est parti à la rencontre des enfants indiens qui bénéficient d'un projet qui vise à lutter contre leur exploitation et qui favorise leur accès à l'éducation.

Entre son milliard d'habitants et son système de castes qui favorise les inégalités, l'Inde présente un important taux de pauvreté. En effet, 80 % de la population indienne vit avec moins de 2 dollars par jour.
Dans un tel contexte économique, les enfants des quartiers défavorisés n'ont que peu d'accès à l'éducation et sont plutôt amenés à travailler qu'à profiter des joies de l'enfance. Au coeur des bidonvilles, ils passent leur journée sur les tas d'ordures. Un quotidien qui n'est pas sans conséquences néfastes sur leur santé et leur avenir. Pour combattre cette issue et faire respecter les droits des enfants, l'ONG Plan est présente depuis 1979 dans ce pays. Son but ? Mettre en place des projets de développement communautaire centrés sur l'enfant. C'est le cas de "Dhaba Kids". 

 

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Les garçons sont les moins réguliers à l'école car ils aident leurs parents © Justine Feutry / Le Journal des Femmes

Des enfants au coeur de la réflexion et du projet

Les "dhabas" sont des petits bars à thé au bord des routes du sud de Dheli dans lesquels sont employés de nombreux enfants dans des conditions très précaires. Mis en place en 2010, le projet vise à aider sur 3 ans, 900 enfants (entre 6 et 14 ans) sur trois secteurs du sud de Delhi. Pour être au plus juste de la réalité des enfants indiens, c'est avec ces derniers que le projet a été conçu. Des conseils d'enfants ou Bal Panchayat ont été mis en place depuis 1996. Reproduisant le système judiciaire du pays, il place les enfants au coeur de la réflexion et des décisions. Après un an d'enquête et de repérages, les problèmes et les priorités à traiter ont pu être identifiés. Tout comme les destinataires et les quartiers les plus défavorisés.

 

Des actions concrètes

Le but de ce projet révèle une volonté d'aider les enfants à différents niveaux. Dans un premier temps, il est bien sûr nécessaire de satisfaire les besoins fondamentaux des enfants avec la fourniture de soins, de repas, de vêtements... Vient ensuite un accès à l'éducation. Des centres d'éducation informelle prennent le relai avec l'école publique en proposant un complément scolaire, des cours du soir, du soutien. Les problèmes majeurs rencontrés par les enseignants ? "La difficulté réside surtout dans la régularité. Il n'est pas facile de fidéliser les enfants et leurs parents. Surtout les garçons qui aident beaucoup leur famille et donc viennent moins souvent. Il faut aussi les sensibiliser à l'importance de la propreté." nous confie Seema, enseignante. Mais ces centres offrent aussi aux bénéficiaires des moments de récréation et de loisirs encadrés. "Les enfants n'ont pas forcément d'espace où s'amuser ou se rencontrer car beaucoup de lieux sont dangereux pour eux. Nous leur offrons cette sécurité et un encadrement." nous explique Praveen, consultant pour CASP, une autre organisation qui collabore avec Plan sur ce projet.

 

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Paveen et le conseil des parents © Justine Feutry / Le Journal des Femmes

L'importance de la sensibilisation
La bonne réussite de ce projet repose aussi sur un important travail de sensibilisation. Des conférences et des réunions réunissent tous ceux qui sont au contact des enfants et peuvent les aider : policiers, propriétaires de "dhabas", employeurs mais aussi et surtout les familles. Des conseils de parents permettent à ces derniers de se réunir pour parler ensemble de leur progéniture, des problèmes rencontrés au quotidien et des solutions à apporter ensemble. Quand on les interroge, ils espèrent pour leurs enfants "plus de facilité dans leur vie de tous les jours" mais aussi une amélioration des conditions matérielles avec "des tables et des chaises et peut-être même des ordinateurs". Les membres du projet Dhaba Kids organisent aussi des rencontres entre les médecins et les familles car ces dernières sont souvent effrayées et n'osent pas les consulter d'elles-mêmes.

 

En plaçant les enfants au coeur de la réflexion, le projet Dhaba kids a réussi à instaurer un véritable système qui leur donne accès à l'éducation et qui responsabilise autant les familles que leur progéniture. Si le travail à effectuer sur place est encore important, les progrès observés par l'ONG sur place récompensent le travail de tous ceux qui contribuent de près ou de loin à cette entreprise.