Centrafrique : des esclaves violées témoignent de leur calvaire

De nombreuses femmes issues de la communauté Peule ont été victimes des milices anti-balaka en Centrafrique. Certaines d'entre elles ont été libérées de leurs tortionnaires et ont raconté leur martyre d'esclaves sexuelles.

En Centrafrique, les Peuls, une communauté de nomades établie principalement en Afrique de l'Ouest, sont torturés par des milices chrétiennes, les anti-balakas. Depuis leur constitution en 2013, celles-ci ont considérablement évolué. De simples groupes d'auto-défense, elles sont devenues des milices responsables de graves exactions sur les populations locales, situées au nord-ouest de Bangui. Des populations qu'elles exploitent pour travailler dans les champs ou utilisent comme esclaves sexuels.
Au début du mois d'avril, le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), en collaboration avec la mission des Nations Unies en Centrafrique, la Minusca, a libéré 21 nomades retenus par des milices dans l'ouest du pays et constaté du même coup de graves violations des droits de l'homme. Les nomades délivrés ont été transportés vers l'enclave de Yaloké pour y être soignés.
Un journaliste du Monde a recueilli le témoignage de Myramou (le prénom a été changé), retenue captive dans la brousse pendant près d'un an. Enceinte de cinq mois, elle raconte le calvaire qu'elle a vécu."J’étais détenue depuis des mois par les anti-balaka, dans un village en brousse, ils nous forçaient à travailler pour eux dans les champs. Ils nous battaient. Et puis moi ils m’ont... Ils m'ont violée. [...]  Personne ne devrait avoir à subir ce genre de chose. Ce que j’ai dans mon ventre, je ne sais pas ce que c’est. Ce n’est pas à moi." Une détention infernale que dénonce Dalia Alachi, la porte-parole du HCR, toujours auprès du journal : "Sur les 6 femmes récupérées, trois ont été violées et sont traumatisées par ce qu’elles ont vécu. Toutes ont rapporté des cas de tortures et de travaux forcés."
Tandis que les femmes étaient chargées d'assouvir les moindres désirs des chefs anti-balaka, les hommes peuls ont été tués un par un, d'après les témoignages recensés par l’ONG Human Right Watch"Ils disaient, 'nous ne voulons pas voir d’hommes, nous ne voulons voir que des femmes'"ont rapporté des villageois. Si le contrôle des milices anti-balakas tend à diminuer dans les zones urbaines, le HCR s'inquiète des pillages perpétrés par ces groupes en pleine brousse. Plusieurs dizaines de nomades seraient toujours retenus par des miliciens.

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