Remaniement : les femmes vont-elles trinquer ?

Tandis que les électeurs se rendent aux urnes pour déposer leur bulletin, l'Elysée n'a plus qu'une problématique en tête : un remaniement, alors que le camp socialiste a reçu une claque magistrale lors du premier tour et ne peut guère fonder d'espoir sur ce second tour. François Hollande s'était engagé durant sa campagne en 2012 à composer le premier gouvernement paritaire avec autant de femmes que d'hommes. Il a tenu sa promesse, même si les plus beaux portefeuilles, ceux que l'on appelle les ministères régaliens ont été occupés par des hommes, les femmes occupant le plus souvent  des seconds rôles.
Avec ce remaniement, le Chef de l'Etat sera probablement amené à composer une équipe plus réduite, une team de choc face au mécontentement des Français. Nous fera-t-il le coup des "Juppettes" ? Il y a près de 20 ans, d'un gouvernement Juppé à l'autre le nombre de femmes avait été divisé par deux, et les femmes ministres et secrétaires d'Etat étaient encore ironiquement affublées du sobriquet de "jupettes". Qui va sortir, qui va rester ? On lance les paris.

Les " poids lourds "

Christiane TaubiraEmblématique, figure-clé, dans le cœur de la gauche, Christiane Taubira a porté avec fougue la réforme du mariage pour tous. Mais la Garde des Sceaux s'est empêtrée, avec une certaine maladresse, dans l'affaire des écoutes de Sarkozy, refusant d'admettre qu'elle avait été informée par le Parquet. Malgré tout, François Hollande peut-il se passer de celle qui incarne les changements de société? 

Marisol Touraine

Pas de vagues, pas de sorties à l'emporte-pièce, Marisol Touraine ressemble à son actuel ministère, celui des Affaires sociales et de la Santé : elle la joue technique. Ca ne déchaîne pas les foules, mais l'Elysée peut difficilement se passer de sa solidité d'experte en ces temps de houle. 

Cécile Duflot
Ne pas appeler Cécile Duflot, c'est déclencher la guerre avec le camp écologiste. Hollande lui a confié le ministère du Logement : le bilan est mitigé. Elle devait aussi contribuer à tenir ses troupes. Raté. Si Manuel Valls est désigné comme Premier ministre, la mésentente est assurée. Et Duflot a fait savoir qu'elle ne voulait pas travailler avec lui. Complexe équation. 

Aurélie Filippetti
Le ministère de la Culture, ça s'incarne. En prenant les rênes de la rue de Valois, la députée de Moselle n'est pas parvenue à donner le sentiment qu'elle occupait un grand ministère. Elle a sur la table deux projets de loi, l'un concernant la création, l'autre le patrimoine. Trop tard  pour prouver qu'elle a pris la dimension nécessaire? 

Marylise Lebranchu
La très Aubryste Marylise Lebranchu a du métier. Mais atterrir à la Réforme de l'Etat, la Décentralisation et la Fonction publique, ce n'est pas une sinécure. La fusion des petites communes, qui est au programme, le gel des primes et avancements des fonctionnaires, un temps évoqué puis démenti, c'est moyen pour la popularité. Mais elle a évité jusque-là les grosses embûches.  

Les jeunes talentueuses
Najat Vallaud-Belkacem 
Ministre des Droits des Femmes et porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem est la benjamine de l'équipe ministérielle. Atout jeunesse du président, elle mène de front ses projets sans trop d'encombres. François Hollande peut-il se passer de celle qu'il a portée aux nues. La jeune ministre pourrait espérer une promotion.
 

Fleur Pellerin
Une expertise indéniable dans le domaine de l'économie numérique qui lui vaut le respect des acteurs clés du secteur. Fleur Pellerin incarne la force digitale tranquille. François Hollande n'a que peu de raisons d'évincer  un tel élément. 

Celles qui sont en difficulté

Dominique Bertinotti
Evoluant dans l'ombre de Marisol Touraine, Dominique Bertinotti n'a pas eu le temps de prouver qu'elle était indispensable. Alors qu'elle préparait un vaste projet de loi sur la famille, elle a été sacrifiée sans l'ombre d'un remords par l'Elysée: son projet a été ajourné, face aux protestations de la droite. Aura-t-elle droit à une seconde chance ?