Le soutien-gorge fête ses 100 ans, on jubile !

"Apportez-moi deux de mes mouchoirs et du ruban rose". Voici la phrase qui changea le quotidien des femmes à tout jamais. Cette phrase, prononcée par l'Américaine Mary Phelps Jacobs il y a 100 ans et adressée à sa gouvernante, est celle qui libéra la gent féminine. Et voilà comment une New-yorkaise qui trouvait son corset trop visible sous sa robe de bal créa le soutien-gorge.  

Son invention, brevetée le 3 novembre 1914, va révolutionner la vie des femmes et leur quotidien à tout jamais. D'ailleurs, la jeune fille, à l'époque âgée de 19 ans, en est déjà consciente : "[Une fois porté] il est à la fois confortable et décontracté, et si efficace qu'il peut être porté par des personnes pratiquant des exercices violents, tel que le tennis [...]", écrit-elle dans la description du produit.
Officieusement, le soutien-gorge est bien plus ancien et selon The Atlantic, "Les premiers soutiens-gorge pourraient bien remonter à la Grèce ancienne, pendant laquelle les femmes s'entouraient la poitrine de bandes de tissu, les attachant ou les accrochant dans le dos." 

Nul doute que le soutien-gorge illustre l'histoire et l'évolution du corps féminin. Beaucoup plus qu'un simple vêtement, (ou en l'occurrence, sous-vêtement), il participe au changement des mœurs et des convenances et témoigne des évolutions de notre société.
Toutes les femmes en portent et il se décline sous plusieurs facettes en fonction de notre personnalité ou de nos activités : modèle sporty, confortable ou sexy... Le choix est aujourd'hui multiple. Pourtant, cela n'a pas toujours été le cas.
Au début du XXe siècle, il remplace ainsi progressivement le corset sous la pression des féministes. Et c'est tant mieux : bien que magnifique d'un point de vue esthétique, le corset s'avérait très contraignant et réduisait la liberté de mouvement. Durant la Première Guerre mondiale, les femmes sont de plus en plus nombreuses à travailler, la mode est aux "garçonnes" et aux petites poitrines, ce qui retarde la démocratisation réelle du soutien-gorge. Dans les années 30, on invente les bonnets de différentes tailles et pendant la Seconde Guerre mondiale, la pin-up distrait les soldats au front : la mode est à l'accentuation des formes féminines et le soutien-gorge devient objet de désir.
En 1970, le soutien-gorge est perçu comme le symbole d'une "obligation de beauté" à laquelle sont soumises les femmes. Il est ainsi rejeté par certaines féministes outre-Atlantique, qui l'avaient pourtant plébiscité un demi-siècle plus tôt.
Vingt ans plus tard, Madonna débarque sur scène dans un corset à seins coniques signé Jean-Paul Gaultier et entre dans la légende. En 1994, quelque temps après le lancement de la célèbre marque Wonderbra, le sublime top modèle Eva Herzigova s'affiche sur une publicité avec un soutien-gorge push-up, accompagnée du slogan "Regardez-moi dans les yeux... J'ai dit les yeux". L'engouement médiatique est tel que Wonderbra devient le nom donné à ce type de soutien-gorge ampliforme. Dès 1998, le soutien-gorge devient un véritable objet de luxe avec les shows de la griffe Victoria's Secret : Claudia Schiffer sera la première à porter le fameux Fantasy Bra, un véritable bijou orné de pierres précieuses et créé spécialement par un joaillier pour clôturer le défilé.

En 2008, le top Tyra Banks, présentatrice de l'émission The Tyra Banks Show, invite son public féminin à brûler ses soutiens-gorge afin de promouvoir la sortie de son livre B.O.O.B.S, dont les bénéfices vont à la lutte contre le cancer du sein.
Aujourd'hui, à l'heure du numérique ou des réseaux sociaux, les soutiens-gorge deviennent comme les téléphones : multi-usages. On peut donc désormais se procurer le True Love Tester, censé ne se dégrafer que lorsque l'on est amoureuse (l'accessoire est basé sur les battements du cœur) ou encore le Tweeting Bra, qui tweet un message incitant les femmes à aller se faire dépister contre le cancer du sein quand on le dégrafe.
Une chose est sûre : sporty ou sexy, simple ou "connecté", le soutien-gorge a encore de beaux jours devant lui !