La Journée de la Femme de Michelle Perrot

Directrice des programmes de Plan France, Michelle Perrot se bat au quotidien pour les droits des femmes, notamment au travers de la campagne "Because I am a girl". Elle nous livre son point de vue sur la Journée de la Femme.

La journée de la Femme : jour de fête, jour de grève, jour de guerre, jour de gloire ou bonjour tristesse ?
Michelle Perrot :
Jour de tristesse car les filles et les femmes sont toujours victimes de discriminations dans tous les domaines. Mais aussi jour de fête car il convient de célébrer les filles et les femmes pour tout ce qu'elles accomplissent au quotidien, au sein de leurs familles, de leur communauté et de leur pays.

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Michelle Perrot © Plan France

Quelle femme pourrait, selon vous, devenir l'emblème du 8 mars ?
M. P. :
Aucune en particulier. Toutes les filles et les femmes du monde incarnent cette journée, plus encore celles qui sont "invisibles" car victimes de la pauvreté et de discriminations multiples liées au seul fait qu'elles sont de sexe féminin.

Quelle chanson pourrait en devenir l'hymne ?
M. P. : "La femme est l'avenir de l'homme", de Jean Ferrat

Dans votre carrière, avez-vous parfois considéré votre féminité comme un "handicap" ?
M. P. : Oui, je me suis vite rendue compte en travaillant dans un pays musulman, peu après la fin de mes études universitaires, que mon statut de femme pouvait constituer un handicap majeur dans la construction de mes relations sociales et professionnelles. C'est la raison pour laquelle, à titre personnel, j'ai renoncé à travailler dans les pays du monde arabo-musulman.

En 2012, ressentez-vous encore des injustices, des preuves de "déconsidération" au quotidien ?
M. P. : Oui, notamment en matière d'égalité des salaires et de prise en charge financière par l'employeur et l'Etat des congés maternité et parental.

Egalité des salaires, tâches domestiques, éducation des enfants, traitement médiatique? Après 40 ans de féminisme, quels sont, selon-vous, les combats qui restent à mener ?
M. P. : Que le congé parental soit reconnu comme une forme de travail et que les points retraite ne soient donc pas supprimés durant cette période.

Quelle mesure concrète pourrait, en France, améliorer la condition de la femme ?
M. P. : Que les enfants et les enseignants soient davantage sensibilisés et formés aux questions de genre afin d'être de véritables promoteurs de l'égalité hommes-femmes.

Et de façon plus personnelle, plus intime, qu'est-ce qui vous donnerait le sourire ?
M. P. : Que les médias eux-mêmes cessent de véhiculer des stéréotypes sur les rôles socialement assignés aux femmes et aux hommes.

Exiger la parité, en politique notamment, imposer des quotas, n'est-ce pas là un aveu de faiblesse ?
M. P. : Non, c'est une mesure pragmatique et nécessaire pour que le changement entre progressivement dans les mœurs. Cette mesure doit donc rester provisoire.

Peut-on être pour l'égalité des sexes, mais jouer les séductrices ? Rester une grande amoureuse ?
M. P. : Encore un stéréotype qui cantonne les femmes dans le rôle de séductrice. Et les hommes ? Ne peuvent-ils pas également être des séducteurs ? Et quel rapport y a-t-il entre promouvoir l'égalité des sexes et l'amour ? Il n'y a certainement pas incompatibilité en tout cas.

Les caprices de divas, vous en pensez quoi ?
M. P. : Je pense que les célébrités qui se distinguent par leurs "caprices" gagneraient à le faire davantage par leur engagement pour la cause des filles et des femmes, notamment en rejoignant notre campagne "Because I am a Girl", par exemple !

Y a-t-il un événement que vous souhaitez aborder ? Une actualité que vous voulez commenter parce qu?elle vous séduit ou vous hérisse ?
M. P. : Le 11 octobre prochain sera la première journée internationale des filles reconnue par l'ONU. Parce que l'éducation des filles est un droit qui n'est toujours pas respecté et parce que c'est le meilleur levier pour mettre fin à la pauvreté, PLAN a décidé de placer cette journée sous le signe de l'éducation.

Et si vous étiez un homme ?
M. P. : Mes propos seraient sans doute les mêmes.

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