La Journée de la Femme d'Olga Trostiansky
Fondatrice du Laboratoire de l'Egalité, Présidente de la Coordination Française du Lobby Européen des Femmes, Olga Trostiansky s'est engagée très tôt dans le combat de l'égalité hommes-femmes. Interview d'une féministe convaincue.
La journée de la Femme : jour de fête, jour de grève, jour de guerre, jour de gloire ou bonjour tristesse ?
Olga Trostiansky : Rien de tout cela, il s'agit plutôt d'une journée de sensibilisation sur l'accès aux droits des femmes partout dans le monde ainsi que sur la construction de l'égalité entre les femmes et les hommes.
Quelle femme pourrait, selon vous, devenir l'emblème du 8 mars ?
O. T. : Aucune en particulier, mais tous les hommes et toutes les femmes qui s'engagent au quotidien pour construire l'égalité.
Quelle chanson pourrait en devenir l'hymne ?
O. T. : La musique d'Ennio Morricone qui illustre le film de sensibilisation grand public du Laboratoire de l'égalité, visible sur notre site !
Dans votre carrière, avez-vous parfois considéré votre féminité comme un "handicap" ?
O. T. : Un handicap non, en revanche, j'ai subi le sexisme au quotidien comme toutes les femmes. Loin de m'abattre, cela a été plutôt un moteur dans mon envie de faire changer les choses.
En 2012, ressentez-vous encore des injustices, des preuves de "déconsidération" au quotidien ?
O. T. : Personnellement peu, mais il suffit de regarder autour de soi pour constater les injustices : une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint, l'écart salarial est en moyenne de 17 %, moins d'un député sur cinq est une femme...
Egalité des salaires, tâches domestiques, éducation des enfants, traitement médiatique... Après 40 ans de féminisme, quels sont, selon-vous, les combats qui restent à mener ?
O. T. : Le plus grand enjeu est selon moi la construction d'une culture de l'égalité entre les hommes et les femmes, pour mettre fin aux stéréotypes sexistes, portés tant par les femmes que par les hommes.
Quelle mesure concrète pourrait, en France, améliorer la condition de la femme ?
O. T. : Parmi les 20 propositions du Pacte pour l'égalité que le Laboratoire de l'égalité propose à la signature des candidats à l'élection présidentielle, je citerais la fin du financement des partis politiques qui ne respectent pas la parité, la création de 500 000 places d'accueil de la petite enfance, la réduction de 10 points en dix ans des écarts salariaux, la formation des personnels éducatifs...
Et de façon plus personnelle, plus intime, qu'est-ce qui vous donnerait le sourire ? (que votre mari se familiarise avec l'aspirateur, etc...)
Olga Trostiansky : Que l'ensemble des candidats à la présidentielle signent le Pacte pour l'égalité ! Par ailleurs, mon mari passe l'aspirateur, mais c'est moi qui repasse !
Exiger la parité, en politique notamment, imposer des quotas, n'est-ce pas là un aveu de faiblesse ?
O. T. : On sait que si l'on attend que la parité advienne naturellement, il faudra attendre très longtemps. L'ensemble des Françaises et des Français attendent la parité en politique. Nos enquêtes d'opinion avec Mediaprism le montrent. Nos dirigeants doivent donc s'engager à la réaliser.
Peut-on être pour l'égalité des sexes, mais jouer les séductrices ? Rester une grande amoureuse ?
O. T. : Porter l'égalité, cela n'implique ni de perdre sa féminité pour une femme, ni de déviriliser pour un homme. Les jeunes générations l'ont très bien compris !
Y a-t-il un évènement que vous souhaitez aborder ? Une actualité que vous voulez commenter parce qu?elle vous séduit ou vous hérisse ?
O. T. : Avec les 700 membres du Laboratoire de l'égalité, je suis très heureuse d'avoir des retours très positifs sur notre campagne de sensibilisation aux enjeux de l'égalité. De nombreux médias, de nombreux supports de diffusion ont d'ailleurs joué le jeu, séduits par son humour et son aspect "décalé".
Et si vous étiez un homme ?
O. T. : Je porterais de la même manière les valeurs de l'égalité, car je sais que les femmes comme les hommes ont à y gagner.