Ces domestiques maltraitées au Liban

Mise en lumière de ces femmes victimes de maltraitances au pays du Cèdre.

Plus d'un décès par semaine. C'est le constat fait par Human Right Watch, qui recense les domestiques victimes de maltraitances au sein de leur travail au Liban. Cette main d'œuvre, issue principalement de l'immigration provient essentiellement du Sri Lanka, des Philippines, du Népal, et de l'Ethiopie. Ces femmes, qui ont fui la pauvreté ou les conflits de leurs pays d'origine se retrouvent affamée, maltraitées, parfois même violées et réduites à des conditions proches de l'esclavage.
Au Liban, les femmes souffrent d'inégalités profondes face aux hommes et à la religion. Un rapport estime que les trois quarts des Libanaises subissent ou ont subi des violences physiques de la part de leur mari ou d'autres hommes de leur entourage.
Au Liban, les violences domestiques sont toujours du ressort des tribunaux religieux.
Environ 200 000 travailleuses migrantes sont employées par les familles libanaises. Ces femmes sont couvertes par le Kafala, un système de parrainage qui induit qu'elles ont l'obligation d'avoir un tuteur légal durant toute la durée de leur contrat. Ce système oblige ces domestiques à être dépendantes de leurs patrons qui sont libres de leur infliger de mauvais traitements. Car ces travailleuses immigrée ne sont pas couvertes par les protections du droit du travail libanais. A la signature de leur contrat, leur passeport leur est confisqué, en guise de garantie, "une sécurisation de leurs investissements". Elles demeurent prisonnières de leur condition. Les maltraitances les plus fréquentes sont le non-paiement, ou le paiement en retard du salaire, le refus d'accorder du temps libre à l'employée, le travail forcé et les violences physiques et verbales.
Le plus souvent, les décès sont dus aux suicides de ces femmes désespérées. Ce taux élevé de mauvais traitements a poussé des pays comme l'Ethiopie à prohiber le travail au Liban. Ce qui n'empêche pas certains ressortissants de s'y rendre clandestinement via des services de trafiquants.

Le Liban est membre du comité consultatif du Haut commissariat aux réfugiés, mais il n'a pas signé la Convention de Genève de 1951 portant sur les travailleurs immigrants. 
En 2009, un modèle de contrat de travail a été rédigé mais n'offre pas les mêmes protections que pour les travailleurs non-immigrés et reste difficilement applicable.
En 2011, le pays a voté pour la Convention internationale No. 189 de l'OIT sur le travail décent pour les travailleurs domestiques, mais il n'a procédé à aucune démarche pour acter les mesures ou se mettre en conformité avec elles. 
Malgré la pression internationale, le gouvernement libanais ne prend pas de décisions portant sur des protections sociales équivalentes à celle des travailleurs non-immigrés en matière de droit du travail. 
Le pays fait d'ailleurs état d'un piètre bilan en matière de justice et de répression des mauvais traitements des travailleuses domestiques.
En 2010, sur 114 décisions de justice portant sur des employées domestiques immigrées, Human Right Watch constatait qu'aucun des employeurs n'avait été mis en accusation. 

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