Avortement : à quand un accès égal pour toutes, partout ?

A l'occasion de la diffusion du documentaire édifiant "Avortement, le prix à payer" sur France 5, le 9 juin, à 20h50, tour d'horizon de la situation en Europe, entre avancées, recul et menace.

Avortement : à quand un accès égal pour toutes, partout ?
© SEVGI/SIPA

Alors que le documentaire Avortement, le prix à payer, diffusé sur France 5 le 9 juin, à 20h50, met en lumière les obstacles que rencontrent les femmes au quotidien, il convient de rappeler que l'IVG n'est toujours pas acquise dans certaines contrées du Vieux Continent. Totalement interdite à Malte, l'interruption volontaire de grossesse n'est autorisée que sous certaines conditions en Pologne
Alors que l'avortement y est autorisé, mais limité à trois cas bien précis (si la grossesse résulte d'un viol ou d'inceste, s'il y a un risque pour la mère ou s'il y a une malformation grave du fœtus), son accès est entravé en 2016 avec un projet de loi liberticide proposé par le comité conservateur "Stop Avortement". Le but ? Punir une femme qui avorte ou un médecin qui pratique l'interruption de grossesse de cinq ans d'emprisonnement.

Le projet de loi a heureusement été abandonné, mais les avortements illégaux, réalisés dans des conditions sanitaires déplorables, et/ou à des prix prohibitifs, sont toujours légion. En Pologne, 150.000 IVG seraient pratiquées clandestinement chaque année, contre 2000 de manière légale.

Et en France ?

Si le droit à l'avortement semble acquis dans l'Hexagone, il reste néanmoins du chemin à faire. Rappelons qu'en près de 40 ans, le nombre de maternités a été divisé par trois, notamment les Centres d'Interruption Volontaire de Grossesse (CIVG). Sans oublier ces sites anti-avortement qui continuent leur offensive de désinformation et remettent en cause le droit à l'IVG, les mineures qui ne voient pas toujours leur anonymat garanti et les interruptions de grossesse qui ne sont pas remboursés à 100 % (bien que le tout soit légiféré) ou encore la clause de conscience des médecins, qui leur permet de refuser de pratiquer un acte selon leur bon vouloir.

En 2018, le président du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France a comparé cet acte médical à un homicide, réveillant les craintes des Françaises autour de l'accès à l'IVG. "La clause de conscience spécifique à l'IVG est un doublon dont la seule finalité est de culpabiliser et dissuader les femmes", a estimé le PS, rejoint par le Planning Familial, en réponse à ces déclarations.

Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'égalité femmes-hommes, s'est dite non-favorable à la suppression de cette clause. Elle souhaite éviter les violences psychologiques et physiques que pourraient subir les femmes face à des médecins réticents, mais contraints par la loi de pratiquer un avortement.

Pendant le confinement, plus d'une centaine de professionnels de l'IVG ont demandé à ce que les délais de pratiques des procédures chirurgicales soient allongés, afin qu'une femme puisse avorter jusqu'à la 14e semaine au lieu de la 12e. Cette demande n'a pas été exaucée, néanmoins, les délais de recours à l'IVG médicamenteuse ont été allongés de 7 à 9 semaines durant le confinement. Une petite victoire.

Ces débats sont la preuve que l'accès à l'IVG est une priorité et le droit à disposer de son corps, un combat de chaque instant.

Ne manquez pas le documentaire Avortement, le prix à payer, diffusé sur France 5 le 9 juin, à 20h50.