Lou Andreas-Salomé, philosophe, égérie et pionnière de la psychanalyse

L'intellectuelle Lou Andreas-Salomé est mise à l'honneur dans un biopic, à découvrir en salles le 31 mai. Qui est cette femme d'exception qui a marqué les esprits de ses écrits et les cœurs de Friedrich Nietzsche, Rainer Maria Rilke ou Paul Rée ?

Lou Andreas-Salomé, philosophe, égérie et pionnière de la psychanalyse
© Bodega Films

Lou Andreas-Salomé était une femme de lettres allemande. Romancière, essayiste et psychanalyste, elle a surpris ses contemporains grâce à son incroyable vœu d'indépendance et de liberté.

Une femme qui a soif de savoir 

Née à Saint-Pétersbourg en 1861, la jeune Louise – son vrai prénom – s'éprend dès l'adolescence des ouvrages de Kant et Spinoza. A l'âge de 17 ans, elle perd son père et décide d'abandonner la foi religieuse. Elle prend alors pour maître le pasteur Heinrich Gillot qui lui enseigne la théologie, la littérature française et les religions du monde. En 1880, contre la volonté de sa mère, elle entreprend des études de philosophie à l'université de Zurich, l'une des rares universités européennes à accueillir les femmes à cette époque. Mais Lou comprend très vite que le rôle d'épouse auquel les femmes sont destinées l'empêchera d'être considérée égale aux hommes. Dans un monde dominé par le sexe masculin, elle choisit de refuser tout amour et désir charnel, dans l'espoir de pouvoir s'autodéterminer.

Une femme influente qui déchaîne les passions

En raison de sa santé fragile, Lou Andreas-Salomé est envoyée en Italie par sa mère. C'est à Rome, à l'âge de 21 ans, qu'elle fait la connaissance des philosophes Paul Rée et Friedrich Nietzsche. Fascinés par l'intelligence et le franc-parler de la jeune femme, les deux hommes en tombent amoureux.  Elle devient une muse pour Nietzsche, qui voit en elle un être à la fois extrêmement doué et complètement indomptable. En 1885, elle publie son premier roman intitulé Combat de dieu, sous un pseudonyme masculin – à savoir Henry Lou – pour être sûre d'être publiée. L'année suivante, alors en voyage à Berlin, elle fait la connaissance de Friedrich Carl Andreas. De 15 ans son aîné, l'homme tombe éperdument amoureux d'elle et menace de se suicider si elle ne l'épouse pas. Contrainte d'accepter et pour faire plaisir à sa mère, l'écrivaine dit "oui" à condition que le mariage ne soit pas consommé. Ce n'est qu'à l'âge de 36 ans que Lou se laisse pour la première fois prendre au jeu de l'amour avec le poète Rainer Maria Rilke, dont elle devient aussi la muse . Trois ans plus tard, souffrant trop de l'amour étouffant de l'auteur, elle met fin à leur idylle passionnelle mais resteront cependant très amis jusqu'à la mort du jeune homme, en 1926.

Une femme qui demeure dans l'ombre 

La rencontre qui a marquée la vie de Lou Andreas-Salomé est celle de Sigmund Freud. C'est à ses côtés, en 1911, qu'elle découvre l'art de la psychanalyse. D'abord son apprentie, puis son amie, elle devient vite une grande source d'inspiration pour le père de la psychanalyse, qu'elle assiste dans l'élaboration de ses théories. En 1933, alors que la vague naziste submerge l'Allemagne, Lou Andreas-Salomé vit seule avec son intendante. Considérée comme étant une science juive, la psychanalyse est désormais proscrite. C'est pourquoi, avant sa mort le 5 février 1937, la romancière choisit de brûler une large partie de son œuvre et de sa correspondance pour ne pas laiser ses écrits entre les mains des nazis.

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