La féminisation du sport dans la course politique

Le Ministre de la Jeunesse, de la Ville et des Sports Patrick Kanner a lancé sa première promotion des "Égéries" du sport féminin mardi 14 mars. Une initiative pour donner plus de place aux femmes dans un univers toujours très masculin.

La féminisation du sport dans la course politique
© Amandine Martinet

"Je ne sais pas si la femme est l'avenir de l'homme, mais les femmes sont l'avenir du sport." Le 14 mars 2017, c'est par ces mots, aussi bien intentionnés que maladroits, que l'actuel Ministre de la Jeunesse, de la Ville et des Sports Patrick Kanner, a ouvert l'opération "Les égéries du sport féminin" organisée sous son impulsion. Un rassemblement au sein du ministère, auquel était présent Le Journal des Femmes. 

Les "Égéries" est un projet qui consiste à "mobiliser des figures publiques du sport, des médias, de la culture qui s'investiront pour promouvoir le sport féminin en France au travers de clubs sportifs féminins.", d'après le site du ministère. C'est plus précisément une liste de 17 personnalités, plus ou moins connues et venant de milieux distincts, qui nous a été dévoilée par Patrick Kanner.

17 personnalités engagées

Étaient présents le 14 mars Agathe Auproux, journaliste sportive à Canal +, Richard Dacoury, joueur de basket-ball, Isabelle Giordano, journaliste, Frédérique Jossinet, judokate, Allison Pineau, handballeuse, Delphine Ernotte, présidente de France Télévision, Sophie Moreau, présidente de l'association "Courir pour elles", Nathalie Sonnac membre du CSA, Arnaud Simon, journaliste, Raymond Domenech, ex-entraîneur des Bleus, Arnaud Simon, Directeur adjoint du groupe Eurosport et Zahia Ziouani, chef d'orchestre.

Les autres égéries, absentes de l'événement, sont les suivantes : Michel Cymes, médecin et animateur, Thierry Marx, cuisinier, Sébastien Chabal, rugbyman, Victoria Ravaa, volleyreuse, Elisabeth Borne, Présidente du groupe RATP et Gérard Mestrallet, Président du groupe Engie. 

Chacun de ceux qui sont montés sur scène y sont allés de leur petit commentaire sur la nécessité de voir davantage de femmes dans le milieu sportif, ainsi que sur des vertus du sport pour ces dames. Si pour Isabelle Giordano, l'exercice physique "est une façon de s'éveiller au monde", pour Agathe Auproux, il "peut abattre la frontière arbitraire du genre". On ne peut qu'être d'accord avec elles. 

Une féminisation sportive en plein essor  

Le postulat de départ est ainsi posé par Patrick Kanner, qui a évoqué le 14 mars une "insupportable inégalité entre les femmes et les hommes" au niveau sportif. Mais la lutte pour faire évoluer cette situation bat son plein, à l'image des propos énoncés par Valérie Berger-Aumont de la Direction des Sports, qui a affirmé que le taux de féminisation des instances dirigeantes fédérales était à la hausse, bien qu'encore trop faible. Il est aujourd'hui de 30%, contre 26% en 2013. Une progression personnifiée en la présence de Sylvie Pascal-Lagarrigue, présidente du CNO de l'Euro 2018 féminin. Jean-Philippe Frey, de l'Union Sport & Cycle, a appuyé en ce sens en disant que depuis 2007, plus d'un million de femmes supplémentaires étaient licenciées dans un sport. Le top 3 des activités prisées par ces dames étant la randonnée, le fitness ou encore la course à pied. L'intervenant a également ajouté que l'une des clés pour faire augmenter encore ces chiffres était l'émergence de modèles féminins sportifs, nécessaires selon lui à la motivation des femmes. Enfin, on relèvera la prise de parole de trois start-up qui œuvrent chacune à leur façon pour cette indispensable féminisation : Oly-be, e-cotiz et Windoo

Les médias en ligne de mire

Un autre axe central du lancement de la première promotion des "Égéries" a été celui de la visibilité du sport au féminin dans les médias. Nathalie Sonnac, membre du CSA, a parlé des efforts effectués en ce sens, à travers différentes initiatives, en tête la création des 4 saisons du sport féminin. Les premier effets s'en font sentir, puisque selon l'intervenante, entre 16 et 20% du temps de sport diffusé à l'antenne sont aujourd'hui consacrés au sport féminin, contre 7% en 2012. Nathalie Sonnac a par ailleurs rappelé que de nombreux records d'audience, notamment sur la TNT, ont été réalisés grâce à des compétitions sportives féminines. Delphine Ernotte a quant à elle rappelé le "devoir d'exemplarité" du service public, dont l'objectif serait à terme un "8 mars toutes les semaines" sur le petit écran. Enfin, comme l'a rappelé le président adjoint d'Eurosport, les chaînes ne peuvent "se priver de la moitié de l'humanité comme public potentiel". Bien dit. 

On ne pourra donc que souligner l'initiative du Ministre de la Jeunesse, de la Ville et des Sports de vouloir mettre les femmes sur le devant de la scène sportive, sans pour autant oublier que ce projet arrive bien tard dans le quinquennat de François Hollande. Car comme Patrick Kanner l'a lui-même évoqué avec humour le 14 mars, ses "jours sont comptés".