Egalité homme-femme : le cinéma français, gangréné par les disparités

Le Centre National du Cinéma et de l'Image Animée a levé le voile sur les inégalités pesant sur l'industrie de l'audiovisuel. Un écart de salaire et de budget important perdure entre les réalisateurs hommes et femmes, malgré quelques timides progrès.

Egalité homme-femme : le cinéma français, gangréné par les disparités
© Houda Benyamina Laurent Vu/SIPA

Le chemin vers la parité est encore très long dans le 7e art français. C'est le constat navrant d'une nouvelle étude publiée le 24 février sur le site du CNC (Centre National du Cinéma et de l'Image Animée). Selon cette enquête, le salaire perçu par une réalisatrice serait inférieur de 42% à celui d'un collègue masculin ; une différence qui se fait également ressentir dans les budgets qui sont accordés aux femmes du milieu du cinéma. Tandis que les hommes bénéficient de 4,7 millions d'euros en moyenne, quand la gent féminine se voit accorder 3,5 millions d'euros. Si le sexisme est encore d'actualité, le CNC garde espoir puisqu'il relève tout de même plusieurs données positives qui témoignent d'une volonté d'inclure plus de femmes dans l'industrie de l'audiovisuel.

"Depuis près de 10 ans est apparu une nouvelle génération de réalisatrices d'une très grande créativité. Leur talent, leur audace, ont donné un souffle nouveau au cinéma français avec, aujourd'hui, des premiers films reconnus dans le monde entier, comme Mustang ou Divines", affirme Frédérique Bredin, présidente du CNC. Le nombre des cinéastes de sexe féminin connaît une augmentation tout de même considérable de 70% en dix ans. En effet, 63 des 300 films agréés par le CNC en 2016 ont été réalisés par des femmes, contre 35 en 2006. Pour les César, trois d'entre elles étaient nommées : Houda Benyamina pour Divines, Nicole Garcia pour Mal de Pierres et Anne Fontaine pour Les Innocentes. Avec 22,3% des films nationaux portés par des femmes et sortis entre 2011 et 2015, la France s'illustre notamment face à d'autres pays européens tels que l'Allemagne (19,7%) ou l'Italie (10,2%). 

Toutefois, les inégalités persistent, même au sein du CNC, puisque la part de femmes présentes dans cet organisme a diminué depuis 2015. Le comité de direction est composé d'une vingtaine de membres donc seulement 9 sont des femmes. Décrétée en 2014, la loi sur la parité ne concerne pas la majeure partie des commissions; ce qui leur permettrait parfois de ne pas s'y soumettre.