Loi Neuwirth 50 ans après : ce que l'autorisation des contraceptifs a changé pour les femmes

Il y a un demi-siècle, le 19 décembre 1967, Lucien Neuwirth - depuis surnommé le "père de la pilule" - a rendu légale la contraception en France. Une avancée considérable pour la condition féminine dans l'Hexagone.

Loi Neuwirth 50 ans après : ce que l'autorisation des contraceptifs a changé pour les femmes
© 123RF - puhhha

Le 19 décembre 1967, la loi Neuwirth, relative à la régulation des naissances, a autorisé l'usage de la pilule contraceptive. Une initiative d'un député gaulliste du département de la Loire, Lucien Neuwirth, décédé le 26 novembre 2013, qui a réussi à convaincre l'Assemblée malgré la résistance d'une Droite très conservatrice. Par cet acte, l'homme politique va transformer la société jusqu'alors régie par la loi très restrictive de 1920, pénalisant l'avortement et interdisant la propagande en faveur de toute forme de contraception

Aujourd'hui, la loi Neuwirth est saluée par les autorités françaises et un timbre, tiré à plus de 900 000 exemplaires, va même être créé par La Poste à l'effigie du "père de la pilule". Et pour cause : la légalisation des moyens de contraception a été capitale pour la progression des droits des femmes sur notre territoire. 

Émancipation et autonomisation de la femme

Les étapes menant à l'émancipation des femmes ont été nombreuses et progressives. On pense au congé payé de maternité de quatre semaines en 1913, au droit de vote en 1944, à l'autorisation de l'avortement thérapeutique en 1955... Et puis est arrivée la loi de Lucien Neuwirth en 1967. Cela fait donc 50 ans que les femmes ont le droit d'utiliser un moyen de contraception. Une façon de dissocier enfin la sexualité de la maternité, d'autoriser les femmes à avoir du plaisir et à jouir de leur propre corps sans lier cela nécessairement avec la procréation et la responsabilité de porter un enfant. Ainsi, les couples ont enfin pu découvrir un amour physique sans crainte , ce qui a profondément changé la nature des rapports sexuels. 

Par ailleurs, le texte qui rend la pilule légale donne aux femmes le choix : celui de tomber enceinte ou non et d'éviter ainsi notamment des grossesses non désirées avec toutes leurs conséquences : mariages forcés pour sauver les apparences, avortements clandestins et dangereux... L'autorisation de la contraception, c'est donc la liberté d'action. Plus largement, la possibilité pour les femmes d'être maîtresses de leur destinée et de dessiner leur vie comme bon leur semble. 

Un droit acquis ? 

Selon des chiffres relayés par l'INPES en 2011, en France, plus de 9 femmes sur 10 utilisent un moyen de contraception. Pourtant, ce droit, fondamental comme nous l'avons vu précédemment, est toujours décrié aujourd'hui par certains. Le Huffington Post a obtenu un entretien avec Jacques Hébert, farouche opposant à la pilule et ce dès 1967, qui réaffirme à nouveau son désaccord avec cet usage contraceptif précis qui selon lui  "ne donne pas entière satisfaction (...) [et] peut créer des monstruosités, des enfants anormaux". 

Par ailleurs, d'autres actions semblent pouvoir fragiliser le droit de se protéger. On pense notamment à la clause de conscience pour laquelle l'Ordre des Pharmaciens avait appelé ses professionnels à voter en juillet 2016, les autorisant à refuser de délivrer des contraceptifs à une femme. Une décisions heureusement suspendue presque immédiatement suite à l'émoi et la colère qu'elle avait suscités.

Aujourd'hui, la légalisation de la contraception semble être une avancée gagnée définitivement. Mais force est de constater que nous devons rester vigilants pour maintenir ce droit essentiel, facteur d'autonomie et d'indépendance.