Irlande : condamnée à trois mois de prison pour avoir avorté

L’Irlande et l’avortement n’ont jamais fait bon ménage. Une jeune femme qui l'a pratiqué toute seule en a récemment payé le prix : elle a été condamnée à trois mois de prison avec sursis.

Irlande : condamnée à trois mois de prison pour avoir avorté
© Julien Bahel/AP/SIPA

En 2014, une jeune femme de 19 ans tombe enceinte et souhaite avorter. Problème : elle vit à Belfast, en Irlande du Nord, pays dans lequel l'IVG est strictement interdite et condamnée, contrairement aux autres pays du Royaume-Uni. Par manque de moyens pour pouvoir s'y rendre, elle opte pour l'avortement "maison", via des pilules abortives achetées sur Internet. Non encadrée et donc dangereuse, cette pratique aurait pu lui coûter la vie.
Ce sera finalement trois mois. En effet, ses colocataires de l'époque, au courant de cet acte, se sont indignés de son "
attitude qui semblait indifférente" et ont choisi de la dénoncer. Résultat : l'accusée vient d'être condamnée à de la prison avec sursis pour avoir disposé de son corps, un droit fondamental dont chaque femme devrait pouvoir jouir. L'Irlande du Nord est restée bloquée au 19e siècle, avec sa loi répressive "1861 Offences Against the Person Act", malgré son appartenance à la Grande-Bretagne, pourtant plus souple sur le sujet depuis l'autorisation de l'IVG en 1967. Cependant, un espoir était permis fin 2015, lorsque la Haute Cour de Belfast a estimé que la prohibition de l'avortement en cas de malformation du fœtus ou de grossesse causée par le viol allait à l'encontre des droits de l'homme. Un progrès anéanti quelques mois plus tard par l'Assemblée parlementaire.
La République d'Irlande est, elle aussi, cernée par ses mœurs trop conservatrices, puisqu'elle n'autorise l'avortement qu'en cas d'anomalie sur le fœtus et de grossesse issue d'une agression sexuelle.

Manifestation en Irlande © Julien Bahel/AP/SIPA