Maroc : contrainte d'épouser son violeur, une ado se suicide

Une jeune Marocaine âgée de 16 ans s'est donné la mort après avoir été obligée de dire "oui" à son tortionnaire. Le drame a enflammé la Toile et provoqué un électrochoc.

Un geste désespéré

Amina Al Filali a mis fin à ses jours, samedi, dans sa ville de Larache, près de Tanger, en absorbant de la mort aux rats, après avoir été contrainte d'épouser l'homme qui l'avait violée lorsqu'elle avait 15 ans.
Aux termes de la loi, le viol sur des mineurs est puni de plusieurs années de prison. A moins que la victime et son agresseur se marient, ce qui le protège de la justice.

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Femme voilée © rainette - Fotolia.com

Cette affaire aurait été classée comme "ordinaire" au Maroc -pays où ce type d'agressions est coutumier, mais où les statistiques sont absente- si l'émotion suscitée sur Internet n'avait pas incité les responsables à prendre position.

Le drame a mobilisé sur les réseaux sociaux et dans les médias

La ministre de la solidarité, de la femme et de famille Bassima Hakkaoui -unique femme membre du gouvernement de l'islamiste Abdelrahman Benkirane- a reconnu un "vrai problème". "C'est un cri de la société" a lancé Mme Nouzha Skalli, qui occupait le même poste dans le gouvernement précédent. Les deux femmes s'exprimaient sur la chaîne publique qui, fait rare, y consacrait jeudi la quasi totalité de son journal de la mi-journée.

"La loi considère la mineure violée comme une criminelle", a dit Mme Skalli, regrettant. Il faut réformer le code pénal afin de l'adapter à la nouvelle constitution", a-t-elle ajouté.

Cette tragédie est révélatrice des contradictions d'une société à la fois traditionaliste, et souvent peu éduquée, et son aspiration à la modernité, comme en atteste la nouvelle constitution adoptée en juillet qui prévoit l'égalité des sexes et bannit "toute discrimination".

Une martyre de la cause des femmes

"Au delà de l'aspect législatif, c'est une affaire de mœurs, de perception de la femme-objet qui perdure, du manque d'éducation à proprement parler et d'éducation sexuelle notamment", estime le quotidien francophone L'Economiste.

Le Maroc n'est pas le seul pays du Maghreb dans cette situation. En Tunisie et en Algérie également, si la victime accepte d'épouser son violeur, celui-ci échappe aux poursuites. En visite à Rabat la semaine dernière à l'occasion de la de la Femme, la directrice d'ONU-Femmes et ancienne présidente du Chili, Michelle Bachelet s'est élevée contre les violences faites aux femmes à travers le monde et dans les pays arabes.

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