Areeba Rehman : "Etre une femme entrepreneure est un atout"

Après avoir été commerciale puis professeure d’anglais pendant trois ans, Areeba Rehman se jette à l’eau en se lançant dans l’aventure entrepreneuriale. En 2008, cette jeune femme d’affaires crée Fretbay, une plateforme de déménagement discount qui rassemble transporteurs professionnels et particuliers. Le Journal des Femmes l’a interrogée.

Areeba Rehman : "Etre une femme entrepreneure est un atout"

Areeba Rehman fait partie de ces jeunes femmes qui donnent envie de se lancer dans l'aventure entrepreneuriale. A 27 ans, elle crée Fretbay, plateforme de déménagement discount destinée à rassembler transporteurs professionnels et particuliers. Après avoir essuyé quelques remarques sexistes à ses débuts, Areeba Rehman est très vite récompensée par différents prix et même invitée à l’Elysée par François Hollande, avec d’autres femmes entrepreneures à l’occasion de la Journée de la femme. Des distinctions qui font pour elle office "d’encouragements et de soutien" et qui lui donnent "envie d’aller plus loin".
Aujourd’hui âgée de 34 ans, Areeba Rehman ne regrette pas une seconde d’avoir quitté son emploi de professeure d’anglais pour créer sa boîte : "Je le referai sans hésiter, malgré les vacances scolaires et autres avantages que mon métier me conférait", nous a-t-elle confié. Sept ans après le lancement de son site en 2008, la jeune femme lance son application mobile, afin de s’adapter aux "changements de comportements des consommateurs". Un exemple de réussite à conjuguer au féminin.

Areeba Rehman © Wordcom

Le Journal des Femmes : Comment en êtes-vous arrivé à créer Fretbay ?
Areeba Rehman 
: Tout est parti d’un constat personnel. En 2006, j’ai dû déménager.  Pour m’alléger, je tentais de vendre des encombrants sur Ebay, mais les ventes étaient souvent annulées à cause du prix de transport trop élevé. J’étais donc à la recherche d’une idée pour ne pas rompre mes ventes et je suis tombée sur une étude ministérielle : 25 % des camions roulaient à vide et plus de 50 % à moitié rempli ! J’ai donc commencé à imaginer une plateforme. Il y avait un réel besoin lié à un changement de comportements pour les achats sur Internet.

Vous avez créé votre entreprise en 2008, il y a 7 ans. Comment étaient perçues les femmes qui entreprenaient à l’époque ?
Entreprendre n’est pas une tâche aisée pour une femme. Cela fût particulièrement difficile pour moi car je souhaitais me lancer dans un univers très masculin : le transport, de surcroît lié au numérique. J’avais 27 ans à l’époque, mais je faisais très jeune, ce qui n’a pas aidé. Je n’ai pas réussi à convaincre les banques et ce n’était pas simple de de démarcher les entreprises de transport. Toutefois, être une femme a aussi des atouts, notamment pour la recherche de partenaires : les hommes sont en général fiers de voir une femme s’intéresser à leur métier.

Aujourd’hui, comment se passent les collaborations dans un environnement essentiellement masculin ?
Je m’efforce de conserver la parité au sein de mon entreprise, ce qui n’est pas toujours facile : le numérique est un secteur où nous sommes amenés à recevoir plus de CV d’hommes. Je tiens à prouver à mes employés que nous sommes tous au même niveau. Mon entreprise a reçu plusieurs distinctions, ce qui me donne de la crédibilité. J’ai réussi à gagner le respect des hommes, qui sont piqués par la curiosité et n’hésitent pas à m’encourager.

Quelle est la remarque la plus machiste que vous ayez entendue ?
Les remarques les plus machistes ont surtout été prononcées à mes débuts. J’ai pu entendre des phrases comme "Avec vos bras, vous n’arriverez même pas à soulever un carton" ou encore "Les femmes n’ont rien à faire dans le secteur du transport, faites plutôt du secrétariat". J’ai réussi à faire mes preuves, donc les remarques sexistes se font extrêmement rares.

Comment conjuguez-vous vie professionnelle chargée et vie personnelle ?
Il faut savoir hiérarchiser ses priorités, bien s’organiser et tout planifier. Mon ordinateur me suit partout. De mon côté, je n’aime pas que mes employés restent travailler tard et j’estime que nous devons nous consacrer à notre vie personnelle le soir : c’est important de finir la soirée avec ses proches. Quitte à s’y remettre plus tard, le dimanche par exemple.

Votre site a permis d’économiser 800 tonnes de CO2. L’environnement, une cause qui vous tient à cœur ?
L’environnement n’est pas une cause qui me tient particulièrement à cœur mais j’essaye de faire le minimum pour la planète, ce que nous devrions tous faire. Le but premier de mon entreprise était de permettre aux internautes de faire des économies et d’aider les sociétés à rentabiliser leurs courses et à gagner davantage.

Quelles sont les principales motivations des femmes qui entreprennent ?
Souvent, elles le font pour se sentir plus libres, indépendantes et surtout passionnées. Entreprendre permet aussi de pouvoir s’organiser à sa convenance. Parfois, les entrepreneures sont menées par l’envie de prouver à leur entourage qu’elles sont capables de mener un projet à bien.

Quels conseils donneriez-vous à une femme qui veut se lancer dans l’aventure entrepreneuriale ?
Elle doit être déterminée et surtout, doit bien s’entourer. Elle doit savoir se faire entendre et ne pas hésiter à se rendre à des soirées de networking, à échanger avec des clubs féminins, des associations ou des particuliers.
Aujourd’hui, il est nécessaire de continuer à mettre les femmes entrepreneures en lumière afin de montrer l’exemple et prouver qu’elles sont au même niveau que les hommes.