"T'as joui ?" : à question con, compte Instagram salutaire

Le compte Instagram @tasjoui ouvre (enfin) le dialogue sur la jouissance féminine. Grâce à un fil de témoignages d'hommes et de femmes, la parole se libère autour de l'orgasme, de la simulation qui doit cesser et du tabou de la volupté ultime.

"T'as joui ?" : à question con, compte Instagram salutaire
© Instagram "tasjoui"

"Si les femmes ont moins d'orgasmes, c'est qu'elles sont plus sentimentales." C'est cette remarque qui a entre autres poussé Dora Moutot, journaliste, à s'indigner sur Instagram et à créer le compte @tasjoui. Elle y recueille les témoignages de femmes qui éprouvent des difficultés à jouir avec leur(s) partenaire(s) ou qui ont été confrontées à des punchlines criantes d'ignorance. Le but : répandre la bonne parole autour du plaisir féminin.  

"Et pourquoi ce serait au mec de terminer le rapport ? Merde à la fin", "Je regrette que ce soit l'éjaculation du mec qui siffle la fin du match", "Je n'ai jamais eu d'orgasme parce que quand monsieur avait joui, il s'arrêtait"... Autant d'exemples qui prouvent que la sexualité est encore trop inégalitaire.
Aux Etats-Unis, on a donné un nom à cette injustice : "the orgasm gap", soit le fossé orgasmique. Selon une étude de la Chapman University en Californie, 95 % des hommes hétérosexuels ont "habituellement ou toujours" un orgasme, contre 65 % des femmes. L'argument selon lequel ces dernières auraient besoin d'être amoureuses pour jouir est également détruit par cette enquête, qui précise qu'en moyenne, une femme seule n'aurait besoin que de quatre minutes pour jouir. 

Le compte @tasjoui permet de placer le plaisir féminin au centre du débat et d'engager la discussion pour, espérons, une prise de conscience collective. Remettre en question l'égalité sexuelle (la vraie, celle qui se joue dans un lit), expliquer aux femmes qu'elles ne sont pas le problème, aux hommes qu'ils ont tout à y gagner... c'est par la communication que le message se répandra. Et l'honnêteté. Les messages postés rappellent que la simulation n'est pas une solution. Oser dire à l'autre ce qu'on aime, demander comment il ou elle prend du plaisir, discuter sans avoir peur de blesser un ego sont autant de moyens de réhabiliter le clitoris. Pour que l'orgasme masculin ne soit pas le seul objectif d'un rapport sexuel. Comme le dit une internaute, "Mec, j'espère que t'as changé ta méthode parce qu'en fait c'était nul, et j'étais formatée pour croire et te faire croire que c'était ouf !" Espérons que ce temps là soit révolu.