La RATP traque les prédateurs et crée la polémique

Le groupe RATP a dévoilé une nouvelle campagne d'affichage pour lutter contre le harcèlement sexuel dans les transports en commun franciliens. Si les véritables harceleurs sont bien des hommes, la RATP préfère montrer des animaux menaçants aux crocs aiguisés. De quoi faire grincer des dents.

La RATP traque les prédateurs et crée la polémique
© RATP

Détrompez-vous, la nouvelle campagne d'affichage du groupe RATP lancée lundi 5 mars n'est pas un programme de sensibilisation sur l'étalement urbain qui détruit la faune locale. "Ne minimisons jamais le harcèlement sexuel. Victimes ou témoins, donnez l'alerte !", tel est le message qui accompagne les affiches où un requin, un ours et un loup sont prêts à attaquer des jeunes femmes visiblement apeurées. Si la Régie Autonome des Transports Parisiens justifie ses affiches en expliquant vouloir stigmatiser les prédateurs plutôt que la gent masculine dans son ensemble. Mais pour beaucoup, ces animaux effrayants volent la vedette aux véritables harceleurs : des hommes au physique bien banal.

Sans remettre en cause l'engagement de la RATP contre les violences faites aux femmes, plusieurs voix s'élèvent contre cette métaphore animale. Parmi elles, Valerio Motta, ancien conseiller en communication de la secrétaire d'État chargée des Droits des femmes Pascale Boistard qui publie sur Twitter : "Pousser chacun à s'interroger sur son comportement, son sexisme, est déjà difficile. Je crains que le choix de représenter l'agresseur comme un animal sauvage n'aide pas : non pas qu'il faille les idéaliser ou les ménager, mais parce qu'il faut révéler que c'est M. Tout le Monde." Fatima El Ouasdi, présidente et fondatrice de l'association Politiqu'elles intervient également sur le réseau social pour dénoncer ce choix de visuels. En 2011, la RATP utilisait déjà des animaux pour prévenir harcèlement et agressions sur son réseau.
Si vous êtes témoin ou victime d'une attaque, même si ce n'est ni un ours ni un requin qui s'en prend à vous, vous pouvez contacter le 31 17, numéro d'alerte commun à tous les transports franciliens.