L'addiction au selfie, une maladie mentale ?

Selon une étude menée en Inde, l'addiction au selfie, nommée le "selfitis", peut constituer une maladie mentale. Se prendre en photo peut dissimuler un véritable mal-être.

L'addiction au selfie, une maladie mentale ?
© Thibault Camus/AP/SIPA

Emmanuel Macron, Barack Obama, le pape, les petits, les grands… La frénésie du selfie a contaminé (presque) tout le monde. Mais derrière cette pratique à première vue inoffensive peut se cacher un manque de confiance en soi ou un besoin de reconnaissance à tout prix. Si bien que se prendre en photo à longueur de journée pourrait devenir une addiction. Selon une étude parue dans le International Journal of Mental and addiction, la dépendance au selfie est une maladie mentale, baptisée le "selfitis".

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs de l'université de Nottingham Trent, au Royaume-Uni, ont effectué des tests sur 400 patients en Inde, le pays où le selfie a causé le plus de morts. En 2017, sur 30 personnes décédées à cause d'un selfie pris dans des conditions dangereuses, 14 étaient en Inde. Les scientifiques ont interrogé chaque patient en leur demandant de noter de 1 à 5 le degré d'exactitude de vingt affirmations comme "prendre des selfies m'aide à profiter de mon environnement" ou "je suis mieux intégré dans mon groupe de pairs quand je prends des selfies et que je les partage sur les réseaux sociaux".

Les paliers d'addiction

Trois degrés d'addiction ont été mis en avant : à risque (lorsque le patient se prend en photo au moins trois fois par jour sans les exposer sur les réseaux sociaux),  sévère (se prendre en photo plus de trois fois par jour et les publier sur les réseaux sociaux),  ou chronique (se prendre en selfie toute la journée et les poster sur les réseaux sociaux plus de six fois par jour). "Les personnes qui souffrent de cette condition ont très peu confiance en elles… Elles peuvent manifester des symptômes similaires à d'autres comportements potentiellement addictifs", explique Janarthanan Balakrishnan, le chercheur qui a dirigé l'étude, à The Independent. Pas la peine non plus de cesser définitivement de se prendre en photo, le selfie a des bons côtés. Par exemple, il peut servir à défendre des causes comme la lutte contre le harcèlement de rue.