Migrantes : le Défenseur des droits déplore leurs conditions de vie "inhumaines"

Proies privilégiées des viols et des agressions, en manque d'eau et de soins qui leur sont nécessaires, les migrantes sont dominées au quotidien par la frayeur et un épuisement "physique et moral". Des conditions de vie déplorables pointées du doigt par le Défenseur des droits Jacques Toubon.

Migrantes : le Défenseur des droits déplore leurs conditions de vie "inhumaines"
© Irina Kalashnikova/SIPA

Plusieurs mois après le démantèlement de la "Jungle de Calais", les réfugiées sont toujours livrées à un quotidien difficile. Victimes d'"atteintes aux droits fondamentaux" menant vers la violence, elles sont terrassées par la peur. C'est la conclusion d'un rapport accablant rendu par les services du Défenseur des droits Jacques Toubon, qui étaient de passage sur le site. Dans ce compte-rendu, l'ancien député européen dénonce les conditions de vie déplorables des migrants, temporairement installés le long des dunes.

 

Misère quotidienne

Avec un accès à l'eau limité qui les empêche de boire et de se laver, des nuits passées "à même le sol" pour "500 [à} 600" des migrants, dont certains sont encore mineurs, les réfugiés sont "dans un état d'épuisement physique et mental" qui se transforme en peur, d'après le compte-rendu du Défenseur des droits. Les migrantes sont toujours "susceptibles de faire l'objet de viol et d'exploitation sexuelle", une triste constatation qui a déjà été relevée par le Guardian en février. Tandis que leurs homologues masculins se sentent "traqués jour et nuit dans plusieurs sous-bois de la ville", les futures mères présentes sur le site ne disposent d'"aucun dispositif d'accueil ou d'hébergement [...] alors même que la protection maternelle et infantile impose une telle prise en charge".  Le rapport précise également qu'"une seule distribution associative est tolérée le soir", largement insuffisante pour nourrir la totalité des migrants.

 

Déni des pouvoirs publics 

Les associations sont "empêchées par les forces de l'ordre, au motif de consignes préfectorales", ajoute Jacques Toubon. Menacées, aucune d'entre elles ne peuvent mettre en œuvre les démarches nécessaires pour venir en aide à cette communauté isolée, ce qui est pourtant la responsabilité des pouvoirs publics. Alors que la situation est encore très loin de s'améliorer pour les réfugiés, les représentants de l'organisation l'Auberge des migrants ont écrit au président Emmanuel Macron "pour faire cesser les violences", déjà subies par 70% des migrantes. Le Défenseur des droits fait enfin remarquer que les autorités entravent encore la réinstallation du campement, afin de nier l'existence du bidonville. Selon les estimations de L'Express, "entre 7000 et 10 000 personnes" sont partis vivre dans la Jungle, dans l'espoir d'atteindre l'Angleterre.