Purge gay en Tchétchénie : du danger d'être homo au "génocide"

Trois associations françaises ont déposé plainte contre le gouvernement de Tchétchénie le 16 mai pour génocide. Le pays avait lancé une campagne violente de purge à l'encontre de la communauté homosexuelle qui a fait réagir le monde entier, jusqu'aux réseaux sociaux.

Purge gay en Tchétchénie : du danger d'être homo au "génocide"
© Mathias Walter/SIPA

Un nouveau pas contre la haine : Stop Homophobie, Mousse et le Comité Idaho France ont déposé plainte pour "génocide" le 16 mai devant la Cour pénale internationale contre le président tchétchène Ramzan Kadyrov, à la veille de la journée internationale contre l'homophobie. Une démarche entreprise face à un vent de terreur soufflant sur la Russie, un scénario digne d'un (horrible) blockbuster. Depuis fin mars, les autorités tchétchènes mènent une opération de purge virulente à l'encontre de la communauté homosexuelle, selon le quotidien russe Novaya Gazeta, cité par le Courrier international mi-avril. Une campagne terrifiante en réponse aux organisations de marches de fiertés menées par des militants LGBT en Caucase du Nord.

Le cauchemar des LGBT 

Plus d'une centaine d'hommes âgés de 16 à 50 ans sont détenus contre leur gré illégalement dans des "camps de concentration" en raison de leur orientation sexuelle, où ils subissent tortures et persécutions. Selon des témoignages de victimes, recueillis par Europe 1, les militaires et les forces spéciales tchétchènes ont lancé une véritable chasse à l'homme depuis le début de l'année. Après des arrestations aléatoires, les victimes sont soumises à des violences physiques qui ont pour but de leur faire avouer leur sexualité. "Ils torturent à l'électricité et privent de nourriture. […] Certains auraient préféré qu'on les tue tout de suite plutôt que d'avoir à subir cela. Beaucoup résistaient. Ils les battaient alors horriblement et leur envoyaient des décharges électriques", rapporte l'une des victimes qui a pris le nom d'Adlan comme pseudonyme pour préserver son anonymat. S'ils parviennent à fuir la Tchétchénie, les homosexuels rescapés de l'horreur demeurent en danger de mort tant qu'ils résident encore en Russie.

Les familles sont à leur tour encouragées à commettre l'irréparable

"Ils ont torturé un homme pendant deux semaines. Ensuite ils ont appelé ses parents et ses frères […] Ils l'ont emmené et l'ont tué dans la forêt", déclare encore Adlan. Un spectacle horrifique que les autorités tchétchènes tentent encore de faire taire, alors que des associations telles qu'Amnesty International et Human Rights Watch demandent l'ouverture d'une enquête.

Une mobilisation mondiale 

Face à l'horreur, l'association brésilienne [SSEX BBOX] a lancé une campagne pour dénoncer l'homophobie dans une vidéo publiée sur Instagram. Une mobilisation qui prend la forme du hashtag "Kiss4LGBTQrights". Le principe est simple : les couples du même sexe du monde entier doivent s'embrasser le temps d'un cliché en se localisant, dans les options du réseau social, au Kremlin afin d'interpeller le gouvernement russe avec cette nouvelle vague de bisous contre l'injustice et mettre l'accent sur les difficultés qu'endurent les membres de la communauté homosexuelle. A ce jour, près de 5 000 personnes autour du globe se sont mobilisées en faveur des droits des personnes gays.

 

Chechnya, know yo-self. Let the world love. #kiss4lgbtqrights

Une publication partagée par Liam Lunniss (@itsll) le

 

Contre l'homophobie ! Soutien à tout les LGB tchétchènes ( courage ) #kiss4lgbtqrights#soutien#contrelhomophobie#2017#amour#

Une publication partagée par Bulle De Nature (@bulle_de_nature) le

En France, si Emmanuel Macron a tenu des propos controversés concernant les opposants au mariage pour tous et a fait l'objet de rumeurs concernant sa sexualité, le nouveau président de la République ne se montre hostile ni à la communauté LGBT ni à leurs droits. Favorable au mariage pour tous et à la PMA pour les couples de femmes, il s'oppose pourtant à la gestation pour autrui (GPA) en France, bien qu'il veuille offrir la reconnaissance des enfants nés à l'étranger d'une GPA. Dans une interview pour le magazine Têtu, l'ancien ministre de l'Economie déclare que "l'orientation sexuelle n'est ni un choix, ni un luxe", soulignant sa position en faveur des personnes homosexuelles. Il  n'a cependant fait aucune proposition concrète pour lutter contre l'homophobie, qui gagne du terrain dans la cour de récréation pour 10% des élèves âgés de moins de 18 ans, ou contre la transphobie, qui est également la cause de nombreuses violences verbales et physiques.