Benoît Hamon est-il l'allié des femmes ?

Benoît Hamon représentera le Parti Socialiste dans la course à la présidence. En rupture totale avec le quinquennat sortant, le candidat serait-il le premier soutien des femmes?

Benoît Hamon est-il l'allié des femmes ?
© FRANCOIS MORI/AP/SIPA

Il a fièrement brandi la rose du Parti socialiste en tant que vainqueur inattendu de la primaire à gauche. Benoît Hamon propose un programme qui veut aller plus loin sur les questions de société tout en maintenant le cap sur la sécurité.  Pour les femmes, c'est une bonne nouvelle : le député des Yvelines projette de doubler le délai de prescription du viol, renforcer les sanctions en cas de non-respect de l'égalité salariale, créer plus de centres d'accueil du Planning Familial et augmenter le budget du ministère des Droits des femmes. Tout mène à croire que l'ancien ministre de l'Education nationale se dévoue à la protection de la femme dans une société patriarcale, teintée par le sexisme et les préjugés.

Une conception de la laïcité qui gêne

Pourtant c'est lors du débat de l'entre-deux tours face à Manuel Valls que Benoît Hamon suscite le désaccord, lorsqu'il se prononce sur le port du voile : "Là où le voile est imposé, je le combattrai de toutes mes forces. Mais là où une femme décide de porter le voile islamique, et il en existe, elle est libre de le faire". Pour le futur vainqueur de la primaire, il est nécessaire de revenir sur une conception apaisée de la laïcité. Il se porte "garant de la laïcité telle qu'elle a été pensée en 1905. Une laïcité qui visait à ce que ceux qui croient et ne croient pas puissent librement le faire et en assurant la neutralité de la puissance publique et de l'Etat", comme il l'a expliqué sur France 3, le 18 décembre. En défendant le port du voile, Benoît Hamon s'oppose à l'ancien premier ministre qui était l'un des seuls députés socialistes à voter la loi interdisant le voile intégral dans l'espace public en 2010.  

Mais c'est un retour de flammes regrettable qui s'annonce pour celui qui veut faire battre le cœur de la France. Yvette Roudy, la première ministre des Droits des femmes de 1981 à 1986, s'adresse à lui dans une lettre ouverte acerbe, le 27 janvier : "Hier soir tu as perdu une voix. La mienne".  Très engagée dans la cause féministe, elle signera la tribune lancée par l'Express, "Benoît Hamon n'est pas laïque", contre celui qu'elle désignait comme son champion. Pour le candidat du Parti socialiste le voile n'est pas un symbole de l'asservissement de la femme, quand pour d'autres et notamment Laurence Rossignol il incarnerait sa soumission.

Pas de femmes dans "les cafés ouvriers"

En décembre dernier, France 2 diffuse un reportage dans lequel des femmes sont rejetées d'un café à Sevran, en Seine-Saint-Denis. Au cours d'un entretien sur France 3 le 18 décembre, Benoît Hamon réagit à l'enquête :"Historiquement, dans les cafés ouvriers, il n'y avait pas de femmes". Des propos qui choquent et qui sont dénoncés comme une forme de "relativisme" par Valérie Pécresse.  Des paroles qui font écho à l'indignation des femmes face au sexisme, toujours bel et bien présent, mais qui n'ont pas empêché le candidat de gauche de remporter la primaire dimanche 29 janvier.

Partisan de la PMA pour les femmes seules et les couples homosexuels, Benoît Hamon s'est lancé dans un combat contre les inégalités sociales. S'il évoque leur absence dans les cafés comme une normalité, il ne leur claque pourtant pas la porte au nez. Le vainqueur de la primaire à gauche est le porte-parole des femmes émancipées, seules et heureuses (car elles existent). Contrairement à son concurrent de droite François Fillon, qui lutte pour la liberté de la mère de famille, Benoît Hamon propose un projet favorable à toutes les femmes, sans exception, en privilégiant une liberté d'expression sans condition. Une liberté de pratique religieuse, dans le respect et la neutralité la plus totale, "pour une République bienveillante et humaniste", aux valeurs plus libérales que conservatrices. Si la bataille est gagnée pour Benoît Hamon, remportera-t-il la guerre pour la présidence ? La réponse en mai.