Le viol, une banalité pour les prisonnières mexicaines

SCANDALE - Amnesty International a dévoilé les résultats d’une enquête accablante pour les forces de l’ordre au Mexique. Toutes les femmes incarcérées dans les prisons du pays ont révélé avoir subi viols et agressions en tout genre par la police, dans le but d’obtenir des aveux.

Le viol, une banalité pour les prisonnières mexicaines
© Kaspars Grinvalds

Sur 100 femmes emprisonnées au Mexique, toutes ont avoué avoir été victimes d'abus sexuels par la police pour recueillir des aveux et "gonfler les statistiques dans la lutte contre le crime organisé".
Tel est le constat écrasant du dernier rapport d'
Amnesty International, qu'Yves Prigent, responsable du programme "Responsabilité des États et des entreprises" de l'ONG, explique à Libération : "Les femmes représentent 7% de la population carcérale. Elles veulent subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants. Cela en fait des proies faciles pour les cartels qui les recrutent comme "petites mains" [...] Plus faciles à arrêter, elles permettent de remonter jusqu'aux cartels." De par leur fragilité, elles sont plus vulnérables face aux armes, ce que ne manquent pas d'exploiter les policiers lors des arrestations.

Le rapport détaille le calvaire de Monica, arrêtée en 2013 avec son frère et son père, "violée par six policiers, elle a reçu des décharges électriques sur les parties génitales, a été asphyxiée à l'aide d'un sac en plastique et a eu la tête plongée dans un seau d'eau". Comme celui de Yuritxhi Renata Ortiz Cortéz, frappée et agressée sexuellement alors même qu'elle était enceinte. Mais le plus étonnant reste les nombreuses dépositions laissées "à l'abandon" : "Plus de 2400 plaintes ont été déposées en 2015, mais elles n'ont jamais abouti. Aucun membre de l'armée n'a été suspendu" a précisé Amnesty International.
La situation, plus qu'alarmante, pourrait cependant évoluer dans le bon sens : le Congrès mexicain débat actuellement sur une proposition de loi concernant la torture. Une lueur d'espoir pour toutes les victimes jusqu'alors trop peu considérées. 

Des prisonnières violées au Mexique © Kaspars Grinvalds - 123RF