Accusé d'agressions sexuelles, Denis Baupin démissionne de la vice-présidence de l'Assemblée nationale

Denis Baupin, ex-député écologiste et mari d'Emmanuelle Cosse, aurait agressé et harcelé sexuellement plusieurs de ses collaboratrices, d'après des révélations Mediapart et France Info. Il a présenté sa démission de la vice-présidence de la chambre basse comme lui avait demandé le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone (PS). La fin d'une omerta politique ?

Accusé d'agressions sexuelles, Denis Baupin démissionne de la vice-présidence de l'Assemblée nationale
© WITT/SIPA

Quatre voix se sont élevées contre Denis Baupin. Sandrine Rousseau (porte-parole d'EELV), Elen Debost (adjointe à la mairie du Mans), Isabelle Attard (députée du Calvados) et Annie Lahmer (militante écologiste) ont dénoncé au micro de France Info les agressions et harcèlements sexuels subis ces dernières années de la part du vice-président de l'Assemblée nationale.
"Il m'a plaquée contre le mur en me tenant par la poitrine et a tenté de m'embrasser dans le couloir, durant une pause alors que j'animais une réunion", témoigne ainsi Sandrine Rousseau alors qu'Elen Bost se rappelle de SMS reçus en 2011. Exemple terrible : "Je suis dans un train et j'aimerais te sodomiser en cuissardes."
Attouchements, chantages et textos graveleux auraient été le lot quotidien de plusieurs élues de la République et salariées des Verts en contact avec Denis Baupin de 1998 à 2014 d'après ce que révèlent Mediapart et France Info. Des accusations connues en interne, mais restées très discrètes jusque-là. "J'en ai parlé à deux membres de la direction du parti. L'un m'a dit : 'Ah il a recommencé.' L'autre : 'Ce sont des choses qui arrivent très souvent.'", explique Sandrine Rousseau à la radio française. Marié depuis 2015 à Emmanuelle Cosse, le vice-président de l'Assemblée nationale aurait été protégé. "Beaucoup se sont tus pour ne pas blesser sa compagne", regrette de son côté Isabelle Attard. Sur BFMTV, le conseiller parisien écologiste Yves Contassot accuse même la ministre du Logement d'avoir souhaité étouffer l'affaire. "Stop, j'ai interdit qu'on poursuive ce débat. On réglera ça ailleurs et dans d'autres conditions", aurait lancé l'épouse de l'accusé alors que la conversation déviait.

Denis Baupin à l'Assemblée nationale © WITT/SIPA

Le rouge à lèvres qui fait voir rouge

Les victimes ont commencé à vouloir parler publiquement du comportement de Denis Baupin le 8 mars 2016. Pour la Journée des droits des femmes, l'élu est apparu maquillé, dans le cadre de la campagne #mettezdurouge pour lutter contre les violences faites aux femmes. "Je l'ai vu lui sur la photo avec du rouge à lèvre et ça m'a provoqué une vraie nausée. Je suis même allez vomir et j'ai fait un post FB", raconte Elen Debost. Pour Sandrine Rousseau aussi, ce cliché a été la goutte d'eau. "Je ne voyais pas quelqu'un qui défendait le droit des femmes mais quelqu'un qui avait forcé une femme à l'embrasser. Ça m'a fait l'effet d'un électrochoc. Je me suis dit que ce n'était plus possible de tenir ça."

Malheureusement, la loi du silence face aux harcèlements et au sexisme est répandue dans le milieu politique. Il y a quelques jours, le livre Elysée Off révélait que des ministres se permettait tout et surtout n'importe quoi avec des journalistes ou leurs employées. L'année passée, c'était pour délier les langues que 40 journalistes signaient une tribune dans Libération, dénonçant là encore des agressions sexuelles répétées.
Cette fois, les féministes s'emparent du problème avec une pétition adressée aux responsables des partis, aux président de l'Assemblée nationale, du Sénat et du CESE. "Violences sexuelles et politique : levons l'omerta !" souhaite notamment inscrire dans les statuts l'exclusion des auteurs de violences sexuelles et créer une cellule d'écoute pour aider les victimes à porter plainte.
Pendant ce temps, Denis Baupin n'a souhaité donner sa version des faits à aucun des médias français qui ont tenté de le contacter.