Arabie saoudite : les femmes interdites de Starbucks

A Ryiad, en Arabie saoudite, un établissement Starbucks refuse désormais son accès aux femmes. Une décision aussi amère qu'un mauvais café.

Arabie saoudite : les femmes interdites de Starbucks
© Hassan Ammar/AP/SIPA

Un café Starbucks de Riyad recale les femmes à l'entrée. La raison ? L'absence d'un mur de ségrégation pour les séparer des hommes au sein de l'établissement. Une pancarte placardée à l'entrée du café demande aux Saoudiennes d'envoyer un chauffeur pour commander leur boisson chaude à leur place.
Cette décision sexiste au possible viendrait du "Comité pour le commandement de la vertu et la répression du vice", qui n'aurait pas apprécié que l'enseigne déroge à la règle du fameux mur de ségrégation, pourtant obligatoire dans les restaurants et magasins du pays.
Depuis la révélation de l'affaire, des voix s'élèvent sur les réseaux sociaux pour vociférer contre l'Arabie saoudite et l'enseigne américaine.

Starbucks s'est défendu au magazine Cosmopolitan de devoir "adhérer aux coutumes locales", tout en fournissant des "équipements, service, menus et sièges égalitaires entre hommes, femmes et familles". Un choix vivement critiqué par la Fédération internationale des ligues de droits de l'Homme, qui a rappelé les principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l'Homme des Nations unies : "Ces principes, votés en 2011, créent une responsabilité des entreprises. Elles sont invitées à considérer le respect des droits des femmes comme une norme de conduite générale que l'on attend de toutes les entreprises où qu'elles soient."
Est-il indispensable de rappeler que l''égalité hommes-femmes en Arabie Saoudite est l'une des plus déséquilibrées du monde ? En plus des restaurants, cafés et magasins non mixtes, les femmes sont obligées d'avoir un "tuteur" masculin et d'obtenir son accord pour des actes comme le mariage ou l'inscription à l'université. Elles ne peuvent sortir dans les lieux publics autrement que voilées entièrement de noir, à l'exception des yeux. Autres faits accablants : la polygamie masculine est autorisée. Et les mères, en cas de divorce, perdent automatiquement la garde de leurs enfants.
Dans un pays fortement conservateur, où la condition de la femme est mal en point, leur refuser l'accès d'un lieu est donc légal. Une preuve de plus que malgré le développement considérable du pays en matière d'économie, le plus gros reste à faire pour le respect des Droits de l'Homme, mais surtout des femmes.

© Hassan Ammar/AP/SIPA