Le procès de l'excision

Un couple d'origine guinéenne comparaît depuis mardi devant les assises de la Nièvre pour l'excision de ses quatre filles, une coutume interdite en France.

"La publicité n'est pas dangereuse dans cette affaire", a tranché le président de la cour d'assises pour justifier son rejet de la demande de huis clos dans ce procès où des mineurs figurent parmi les victimes. "Cette audience a une vertu didactique", a insisté Linda Weil-Curiel, avocate de la Commission pour l'abolition des mutilations sexuelles (Cams), partie civile dans cette affaire.

Mise en accusation

L'affaire a débuté après la découverte de l'excision de l'aînée en septembre 2005, à l'occasion d'une opération de l'appendicite à l'hôpital de Nevers. En janvier 2009, le même hôpital signalait l'admission de la benjamine, alors âgée de 7 ans, pour "d'importants saignements d'origine vaginale".

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Palais de Justice © Béatrice Prève - Fotolia.com

Les deux parents, poursuivis pour "complicité de violence volontaire", sont arrivés au tribunal avec leurs deux grandes filles, majeures, rejoints un peu plus tard par les deux plus jeunes, âgées de 11 et 13 ans, qui avaient demandé à rejoindre le domicile familial après un placement temporaire.

La mère, assistée d'un traducteur faute de parler français, a répété, dans des propos brefs, la version de son mari, ancien marabout, aux enquêteurs: "une dame est passée" à leur domicile en leur absence et y aurait pratiqué les excisions.

"Cette coutume perdure parce que les filles qui ne sont pas excisées sont exclues" et ne peuvent se marier plus tard, a expliqué un proche de la famille à l'AFP.

Les deux aînées ont défendu leurs parents, la plus âgée disant même "ne pas comprendre pourquoi (ils) se retrouvaient devant la justice". Plus véhémente, sa sœur, étudiante en Droit, a estimé que "le plus grave" n'était pas l'acte chirurgical, mais le fait que les filles aient été placées, quelques temps, dans des maisons d'accueil séparées. A une question du président, elle a cependant répondu qu'elle ne laisserait "certainement pas" exciser ses propres filles si elle devait en avoir.

L'expertise psychologique des deux cadettes a conclu à une soumission "totale à l'autorité familiale", "l'excision étant un sujet tabou dans la famille".

Le procès doit durer jusqu'à vendredi. Les parents encourent une peine de 20 ans de réclusion criminelle.